| Livre |
Après Bohemian Rhapsody, biopic sur Queen au succès public (900 millions de dollars de recette à ce jour) mais beaucoup moins critique (homosexualité sous-jouée de Freddie Mercury), Rocketman dresse un portrait non linéaire et hyper-visuel d’Elton John… qui gagne en vérité historique ce qu’il perd en pathos, puisque le héros ne meurt pas à la fin. Ce livre officiel du film, estampillé E/P/A sans que son auteur, Malcolm Croft, soit inscrit au générique, retranscrit le dynamisme, la fantaisie, le surréalisme des trois décennies-phares de la star portées à l’écran. L’acteur qui l’incarne, Taron Egerton, vu à ses côtés dans Kingsman 2 mais troisième choix seulement après Justin Timberlake (le clip de “This Train Don’t Stop There Anymore”) et Tom Hardy (Mad Max Fury Road), crève ce même écran à chaque scène. Après s’être rasé une partie des cheveux et usé d’encre de tatouage pour donner l’illusion d’une dentition irrégulière, celui-ci avoue avoir rangé sa dignité au placard. Vraisemblablement plus pour les plans sodo – absents du livre – avec Richard Madden dans le rôle du manager John Reid que pour les photos en short moulant signées David LaChapelle (déjà à la manœuvre pour la pochette du live One Night Only du vrai Elton John en 2000). Détail non anodin: les chansons ont été réécrites pour les besoins de la narration. “Honky Cat” (sur l’album Honky Château, 1972) sème ainsi la graine de l’excès avec une scène qui reprend les codes des grands films musicaux hollywoodiens des années 40-50. Et “Bennie And The Jets” (sur le double vinyle Goodbye Yellow Brick Road, 1973) en récolte les fruits, lorsque Taron/ Elton finit aux enfers du Wonderland, club gay new yorkais des eighties, où il cède à toutes ses inclinations.
Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK
PARIS-MOVE, October 31st 2019
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