Jazz

Éclectique semble être l’épithète qui résume le mieux la démarche du contrebassiste et bassiste électrique canadien Roberto Occhipinti. Qui d’autre en effet, sur la scène jazz actuelle, peut ainsi se targuer de s’être alternativement produit au sein d’orchestres symphoniques, et parmi le line-up du Gorillaz de Damon Albarn? L’an dernier, son cinquième album en tant que leader le voyait ainsi brasser en un même maelström des relectures de Thelonious Monk, Puccini et Jimi Hendrix. Son successeur propose à présent, outre six originaux de sa plume, des relectures tout aussi personnelles d’œuvres de Jimmy Rowles, Jaco Pastorius et Alessandro Scarlatti. Pour sa première incursion dans le format exigeant du jazz trio piano, Roberto rend autant hommage à ceux que constituèrent en leur temps Bill Evans et Oscar Peterson qu’à Chick Corea (incorporant au passage de similaires références latin-jazz et moyen-orientales). Assisté en cette entreprise par l’agile et impressionnant pianiste Adrean Farrugia (son compatriote) et l’épatant drummer Larnell Lewis, il livre une sidérante démonstration de culture et de liberté, où la virtuosité de chaque instant ne tend qu’à servir au mieux le collectif, comme en attestent les pièces de résistance “Emancipation Days”, “Il Muro” et “Steveland”. Du bop à la fusion, si vous aimez votre jazz vivant, un album à ne rater sous aucun prétexte.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 9th 2022

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