Robert Finley – Age Don’t Mean A Thing

Big Legal Mess/Fat Possum
Blues

La fondation Music Maker est un peu la S.P.A. des bluesmen abandonnés. Depuis deux décennies, elle soutient et promeut des musiciens, le plus souvent âgés, dont le public n’aurait sans doute jamais excédé les quelques clampins de leurs environs, ainsi que d’hypothétiques touristes égarés. Si l’on énonce d’emblée que Robert Finley dut abandonner sa profession de charpentier à cause d’un vilain glaucome qui lui ôta la vue, on sollicite davantage la charité que la curiosité artistique. Et comme pour Ray Charles, Jeff Healey et Stevie Wonder, on risque ainsi de manquer l’essentiel. Car contrairement à ce que l’iconographie de la pochette suggère (qui le présente assis en marcel et Stetson immaculés dans l’arrière-salle d’un billard club), l’art de Robert Finley ne s’avère nullement misérabiliste. Backé par ce que la crème de la Memphis crew contemporaine compte de limiers, le bougre délivre une perle de southern soul intemporelle. De la ballade tire-larmes “It’s Too Late” au lascif gospel de “Snake In The Grass”, “Make It With You” et “Is it Possible To Love 2 People”, des choeurs soulful à coeur, un Hammond de circonstance et des cuivres façon Memphis Horns accentuent le plaisir de la découverte (aussi indéniable que tardive) d’un authentique soul man. Lequel convertira les ultimes sceptiques avec le funk roboratif d’un “Come On” (où l’on jurerait entendre Al Green jammer avec les JBs) et le vintage rhythm n’ blues “You Make Me Want To Dance”. Alors, peu importe si Robert n’y voit goutte et s’il en perçoit une quelconque allocation, ce mec mérite de rejoindre les actuels Lee Fields et Charles Bradley au panthéon de la soul actuelle. Put on your dancing shoes and get in the groove, y’all…!!

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder