Pop

Contrairement à ce que pourraient laisser imaginer sa photo de pochette et son titre, Robert Ellis n’est pas précisément un amuseur de honky-tonk, dans la tradition de son grand aîné et compatriote Moon Mullican. Né il y a 35 ans à Lake Jackson, Texas, il commença par s’y produire dès 2005 sous le pseudonyme abscons de Eyes Like Lions, dans une veine folky acoustique de singer-songwriter (et à la guitare, instrument plus facilement transportable en stop qu’un clavier). À la tête de six albums depuis 2009 (dont un premier auto-produit), celui dont nous vous entretenons est son avant-dernier à ce jour. Et si l’on n’y discerne nulle trace de country ni de boogie (ni à vrai dire de racines sudistes de quelque nature, si ce n’est sur la pochade conclusive “Topo Chico”, sorte de rumba néo-orléanaise), les influences croisées d’un certain McCartney circa Wings affleurent manifestement (“Fucking Crazy”), ainsi que celles de ses dérivés, depuis Ten CC (“Passive Aggressive”) jusqu’à Gilbert O’Sullivan (“When You’re Away”), en passant évidemment par Gerry Rafferty (“Let Me In”), Eric Carmen (“Lullaby”), Supertramp (“Nobody Smokes Anymore”, “There You Are”, “He Made Me Do It”) et Elton John (“Aren’t We Supposed To Be In Love?” et l’émouvant “Father”). Bref, si vous êtes nostalgique des slows romantiques et de la pop gentiment ouvragée de la première moitié des seventies (ah, “La Boum” de Pinoteau…), cet album vous fera l’effet d’une enivrante madeleine de Proust. Mais si vous espériez par contre un pue-la-sueur, le cigare au bec et le Jack à portée de pogne, vous vous trompez d’adresse… Convaincant dans son genre, en tout cas.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 12th 2024

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