| Americana |
Depuis son quartier général en Colombie Britannique, le Canadien Robert Billard cultive depuis trois décennies deux attirances contraires: l’architecture et la musique. Après avoir publié deux albums dans un registre folk (en 1993 et 1994), et un live en 2002, il participa encore à l’album du Concord Creek Band, Gravel Runway, avant de fonder avec des musiciens du cru The Draggin Hearts, un tribute band à Tom Petty. C’est en tant que leader et unique songwriter qu’il nous revient à présent, à la tête d’un casting de pointures de la scène canadienne actuelle. Et bien que l’on y distingue des bluesmen tels que les pianistes Kenny “Blues Boss” Wayne et Murray Porter, le guitariste JW Jones ou le bassiste Alexander Boynton, on trouve peu de blues parmi ces dix originaux (si ce n’est le très John Lee Hooker “Groove” – où s’illustre un JW Jones en grande forme – et le soulful mid-tempo conclusif “Home”, porté par l’orgue churchy de Murray Porter et la voix chaude de Tonye Aganaba). La plage d’ouverture, “Road To Nowhere”, “Well Enough Alone” ou “Waiting On Time” s’apparentent en effet davantage au folk moderne qu’incarnent des artistes tels que Richard Thompson ou Ray Lamontagne (“Six Ptarmigan”, “Waiting For The Land To Dry”). On songe aussi parfois à la verve de l’expatrié au Canada John Kay, au temps de Steppenwolf (“I’ll Leave You Alone”), ou à la veine americana d’un John Mellencamp (“No Shape For Talking”, “Nothing Can Stop Me Now”). À l’arrivée, un album certes sympathique, mais se démarquant davantage par la qualité de ses protagonistes que par son contenu intrinsèque.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, June 19th 2021
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