RICHARD GALLIANO – Valse(s)

DECCA Records / Richard Galliano Music
RICHARD GALLIANO - Valse(s)

Pas la peine de chercher l’orchestre, il se suffit à lui-même! Pas la peine, non plus, de chercher la multitude d’instruments, il se suffit à lui-même! Pas la peine de chercher quoi évoquer, car la nostalgie, la mélancolie et le bonheur se suffisent, eux aussi, à eux-mêmes! Richard Galliano, le compositeur musicien à qui l’on n’en apprend plus guère, a, en effet, revisité tous les genres: de J.S. Bach au tango argentin d’Astor Piazzolla, d’un chorus de Chet Baker à une ballade de Michel Legrand, et j’en passe. Tout cela avec seulement un accordéon en bandoulière! Et il met en exergue une foule de sentiments, ce piano à bretelles! Que celui qui n’a pas été bercé par cet instrument lève le doigt. De Marcel Azzola en passant par Aimable, André Verchuren – surnommé les doigts d’Or de l’accordéon – ou Yvette Horner (et j’en oublie, de nombreux autres grands noms, comme Marc Berthoumieux ou encore Jo Privat). Il faut dire que jeune, nous avions associé cette musique à nos parents, nos grands-parents, et aux générations passées. Il nous fallait autre chose! Et la tornade pop-rock est arrivée à cette époque-là, pour nous les ados des 60’s puis 70’s. Mais… les Rolling Stones ont réhabilité l’accordéon à mes oreilles en l’utilisant dans Back Street Girl, en 1967, sur l’album Between The Buttons. Une forme de reconnaissance, déjà. Puis ce fut le tour des musiciens du fameux Cuarteto Cedron et de Richard Galliano lui-même, lors d’un festival de jazz, quelque part dans un château en Bretagne. Et c’est là que j’ai compris qu’il en était avec cet instrument comme avec beaucoup d’autres choses: il y a l’instrument, et ce que l’on peut en faire! Même si les musiques dont raffolaient nos aînés sont respectables, nous avions d’autres goûts. Et entendre l’instrument jouer ce que nous aimions a suffi pour le réhabiliter à nos oreilles, et c’est donc avec beaucoup de satisfaction que nous l’écoutons jouer les musiques dont nous raffolons… et même en interpréter d’autres qui ravissaient nos parents et grands-parents. Et rappelons au passage, une dernière fois, qu’il n’y a pas de grande ou de petite musique! Il y a la musique, sans besoin de qualificatif… la musique, tout simplement. Sur ce très bel opus, Galliano revisite Chostakovich, Chopin, Satie, mais il reprend aussi Sauguet, Waldteufel, ainsi que quelques unes de ses propres compositions. Avec, encore et encore, en toile de fond, la valse, sous toutes ses coutures. Magnifique!

Dominique Boulay
PARIS-MOVE & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, November 24th 2020