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Pour son sixième album en douze ans, Richard Dawson, le surdoué de Newcastle, gravit un nouvel échelon dans sa quête d’une expression radicalement singulière. Introduite par des synthés stridents et des vocaux alternant falsetto et accents tour à tour pesants et surannés, la plage d’ouverture, “Civil Servant”, et “Heart Emoji” rappellent les facéties du XTC de Black Sea et de Robert Wyatt circa “Ruth Is Stranger Than Richard”. Le recours aux claviers numériques et autres machines confère leur étrange majesté à des saynettes aussi délicieusement déjantées que “The Queen’s Head”, tandis que “Two Halves” et “Dead Dog In An Alleyway” retrouvent le picking qui valut à leur auteur d’être catalogué “psych-folk”. Les splendides “Jogging” et “Fulfilment Centre” renvoient ainsi autant au Richard Thompson sardonique de “Mock Tudor” qu’à Peter Gabriel, “Black Triangle” aux Who controversés de “It’s Hard”, et “No-One” au Peter Hammill de “Fool’s Mate”. Les thêmes abordés évoquent la crise du logement, les menaces que font peser les réseaux sociaux sur la stabilité des couples, les jeux en ligne, les jobs aliénants et le réchauffement climatique, à l’heure d’un Brexit envisagé comme aussi angoissant qu’inéluctable. Autant déroutant que bouillonnant de créativité, un album combinant habilement commentaire social et radicalité artistique. Si l’on y décèle matière à dissection pour nombre de chroniqueurs aguerris, l’amateur moyen de fantaisie britannique y trouvera pour sa part aisément de quoi se rassasier. Brilliant!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, November 25th 2019
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RICHARD DAWSON – 2020 : un album que vous pouvez commander sur le Bandcamp de Richard Dawson, ICI