RHODA SCOTT LADY QUARTET – We Free Queens

Sunset Records / L’autre distribution
Jazz

En ces temps où il fait encore bon parler de parité et d’égalité entre les sexes, cet opus arrive à point nommé. Et ce pour au minimum deux raisons : ce disque est tout d’abord, et comme le titre peut le laisser penser, l’apanage du beau sexe quasi exclusivement. Seul “un” trompettiste semble s’être égaré en cette charmante compagnie. Et il est vrai que l’on a la fâcheuse habitude de ne parler que de “jazzmen” en ce qui concerne les musiciens. Seules de grandes chanteuses trouvent grâce aux oreilles averties des mélomanes, aficionados du genre, pour avoir droit à une féminisation du terme. Cet album nous oblige à un retour sur l’image car il va falloir désormais parler de “jazzwomen”, et j’en suis très heureux. Deux petites lettres qui prennent pour nous tous, et pour elles, surtout, toute leur importance : le W et le O !

Sur ce “We Free Queens” la grande Rhoda Scott est venue avec son orgue Hammond B3, entourée de Sophie Alour au sax ténor, de Lisa Cat-Bero au sax alto et de Julie Saury à la batterie. Avec également deux invitées  supplémentaires : Géraldine Laurent au sax alto, elle aussi, et Anne Paceo à la batterie. Sans oublier l’invité masculin, Julien Alour à la trompette. Et pour que le tableau soit parfait, le disque a été enregistré, mixé et masterisé par une autre femme, Agnès Minetto.
C’est seulement au niveau de la composition que la mixité prévaut puisque Charles Trénet a composé un morceau, Que reste t-il de nos amours, Waynes Shorter un également, One By One, et Ray Charles un autre, What I’d Say. Précisons que Lisa Cat-Berro en a composé deux : We Free Queens et Rhoda’s Delight, Sophie Alour deux également : I Wanna Move et Joke. Enfin, c’est Rhoda Scott qui a composé Valse à Charlotte. Du très très bon jazz, comme on a l’habitude d’en écouter dans les deux salles du célèbre Club parisien de la rue des Lombards, le Sunset et le Sunside. Ce disque est le douzième disponible à la Boutique du Club, après celui de Géraldine Laurent, de Martial Solal, de J.J. Milteau & Eric Bibb, de Bojan Z & Julien Loureau, de Didier Lockwood, de Lucky Peterson, d’Ibrahim Maalouf, de Snarky Puppy, de Gregory Porter, “autour de Chet” (Baker, évidemment), et celui de Gogo Penguin. En bref que du beau linge ! Mais cet opus est surtout la première production discographique du Sunset-Sunside. De quoi dire une fois de plus à l’équipe de ces deux salles “Merci et Bravo !”
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Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)