René Miller, Stephen Harrison & David Chalumeau

Blues

“Beaucoup de gens autour de moi ont eu la même révélation. Le rock’n’roll était facilement accessible avec la radio ou les maisons de disques. C’était devenu notre musique, une façon très importante de nous définir et de nous différencier de nos parents. Ensuite, nous avons découvert une couche plus profonde, la musique derrière le rock et le R’n’B, derrière notre musique. Toutes ces routes convergeaient vers une seule source : le blues. Cette musique vous envoûte dès la première note, alors un secret très précieux vous est révélé. Il est là, niché dans tous ces échos, emprunts, phrasés et accords de guitare échangés” dixit Martin Scorsese.
Ce voyage initiatique, ce retour aux sources les plus profondes du blues nous sont offertes aujourd’hui par trois talentueux artistes venus d’horizons et de cultures différentes. Trois noms figurent simplement sur ce nouvel opus: René Miller, Stephen Harrison et David Chalumeau. Nul besoin de fioritures, sobriété rime avec sincérité, nous sommes dans le berceau du blues.
Bien connu du public français pour sa participation à de nombreux festivals, René Miller pointure indissociable du blues, originaire de Louisiane se partage entre la France et son pays natal avec cette particularité de jouer en acoustique sur une guitare en métal.
Stephen Harrison, né en Angleterre, est à ce jour un des meilleurs contrebassistes et poly-instrumentistes d’Europe. Ce membre fondateur de différents groupes a partagé la scène avec entre autres Bill Wyman, The Pogues, Jacques Higelin… et a enregistré de nombreux albums.
David Chalumeau, harmoniciste français d’origine vietnamienne attrape le virus du blues à l’adolescence et découvre la scène à l’aube des années 2000 avec le groupe Swampini. Après avoir participé à différents projets variés et partagé la scène avec Greg Zlap, Nico W. Toussaint, Corey Harris, ou encore Kezia Jones, il intègre en 2012 l’équipe de Cory Seznec qui l’amènera pour des tournées aux USA et Canada.
Dire que René Miller et ses deux complices revisitent les standards du blues n’est pas le terme approprié, non, cela va bien au-delà. Le trio partage un secret bien gardé, celui du Docteur Emmet Brown, et c’est à bord de cette machine à remonter le temps que nous embarquons en leur compagnie…!
Deux compositions ‘Baby Doll’ et ‘Hole’ sont signées de Maître René Miller. Surprenante est sa voix tout comme ses accords de gratte, échappés comme par enchantement d’un champ de coton, d’emblée une porte s’ouvre sur un monde que nous pensions oublié.
Miracle! Nous survolons les rives du Mississipi, posons quelques temps notre machine infernale, nous sommes au début du siècle dernier, notre trio retrouve quelques légendes et reprend avec elles les titres ‘Frankie’ de Mississipi John Hurt, ‘Higway 61’ de Big Joe Williams, ‘Phonograph Blues’ de Robert Johnson, ‘Special Rider Blues’ de Skip James ou encore ‘Preaching the Blues’ de Son House. La guitare de René sublime, la contrebasse de Stephen fascine, l’harmo de David envoûte, c’est la fête, nous sommes au coeur du Delta.
Le Tennessee se profile à l’horizon, ‘Goin’to Brownsville’ de Steepy John Estes est de mise, cap sur le Texas avec ‘Samson and Dalilah’ de Blind Willy Johnson avant de découvrir la côte est sur ce titre ‘In my Time of Dying’ de Josh White. Comme on est bien en si bonne compagnie, c’en est même jouissif, mais c’est déjà le chemin d’un retour plus proche de nous avec deux superbes interprétations plus blues que jamais, ‘Hallelujah’ de Léonard Cohen et ‘Come Together’ de John Lennon. L’extase!

Vous l’aurez compris, cet album est hors du temps, il est indispensable au patrimoine du blues, l’enregistrement est d’une qualité irréprochable et comblera les puristes (même sans les craquements des 78 tours), ravira les initiés et s’il peut contribuer à faire connaitre ce qu’est le blues, le vrai blues aux jeunes générations, le pari est gagné!
Sur ce, je vous quitte, je replace une énième fois ce CD sur ma platine et repars voyager dans le temps. Bye bye.

Alain Betton
Paris-Move

René Miller, Stephen Harrison & David Chalumeau