REIGNING SOUND – A Little More Time With

Merge / Modulor
Rock
REIGNING SOUND - A Little More Time With

Natif de Memphis et actif depuis près de trois décennies sur la scène garage U.S., Greg Cartwright fait un peu figure de ce côté de l’Atlantique d’équivalent américain du Briton Billy Childish, dans des registres souvent similaires. Tour à tour leader et fondateur des Compulsive Gamblers, puis des légendaires Oblivians et enfin de Reigning Sound, ce bon Greg a perpétué cette dernière formation avec un autre line-up, après avoir quitté son Tennessee natal pour s’installer avec femme et enfants à Asheville, en Caroline du Nord. Biberonné tout môme à la considérable collection de disques de son paternel, ainsi qu’aux stations de radio oldies qui florissaient dans les années 80, Cartwright a profité du confinement pour rentrer à Memphis, et y réunir la formation originelle du Reigning Sound. Alors que ce quartette n’avait plus enregistré depuis 2005 (avec “Home For Orphans”), le plaisir de leurs retrouvailles transpire dès les éloquents “Let’s Do It Again” et “A Little More Time” introductifs. Avec leur orgue omniprésent, cette fuzz tranchante et ce tambourin buté marquant tous les temps forts, le parfum ouvertement sixties de titres comme l’enragé  “I Don’t Need That Kind Of Lovin'”, “You Don’t Know What You’re Missing”, “Just Say When” ou “Make It Up” rappelle la formule de mythes Nuggets tels que les Remains, ainsi que de princes power-pop des décennies ultérieures comme les Plimsouls: un blend certes instable, mais hautement addictif, de racines R&B et de British Invasion (formation séminale du Boston sound, Barry & The Remains assurèrent les premières parties de l’ultime tournée U.S. des Beatles en 66). La country assumée de “Moving & Shaking” et “A Good Life” (où la pedal-steel donne littéralement le tournis) est compensée par la southern soul du bijou conclusif que constitue le terrassant “On And On”. À défaut de la lui prédire, on ne peut que souhaiter à Greg Cartwright une trajectoire comparable à celle de Barry Tashian (ex-leader des Remains): du garage le plus cru (jetez donc une oreille à leur concert de reformation impromptu au Boston Tea Party en 69) à la fondation de l’International Submarine Band et des Flying Burrito Brothers (avec Gram Parsons!), pour finir par secouer les vieilles croûtes à Nashville. C’est en tout cas l’avenir que préfigurent ici des killer-numbers tels que “You Ain’t Me” (où l’on croirait ouïr le jeune Van Morrison adapter Dylan avec les early-Byrds pour backing band) ou les poignants “Oh, Christine” et “I’ll Be Your Man” (taillés pour une B.O. de David Lynch). Tout ceci sonne en effet bien trop vivant pour n’être qualifié que de rétro.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 21st 2021

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Reigning Sound – A Little More Time (Official Audio):

Reigning Sound – Never Coming Home (Official Music Video):