Pop

On ne pourra pas dénier à Real Estate d’avoir de la suite dans les idées: leur précédent album se concluait sur une chanson intitulée “Saturday”, et son successeur s’ouvre sur un “Friday” aérien, confirmant d’emblée la permanence des climats ensoleillés caractérisant leurs productions. Sur un ton enjoué et une ligne de basse groovy, le single “Paper Cup” et le plus mélancolique “Gone” s’arriment à la veine classic-pop d’un McCartney, dont le timbre de Martin Courtney épouse jusqu’à certains maniérismes (au point que l’on pourrait même se risquer à l’y appeler McCourtney). Le terme de jangle-pop (que l’on pourrait ne croire inventé que pour les définir) s’illustre brillamment au fil de plages telles que “You”, “November” (décidément, ce groupe est un éphéméride), “Falling Down”, “Silent World” et “Procession” (où affleure l’influence des Feelies et de The Coral, soit par transitivité, celle des Byrds). Julian Lynch (guitariste recruté voici quatre ans déjà, en remplacement d’un Matt Mondanile sacqué) chante sa première composition pour le groupe, le gentiment psychédélique “Also A But” (genre Pink Floyd meets Brian Wilson in 67), sur le pont instrumental duquel le batteur Jackson Pollis démontre ses capacités ternaires, et son auteur déboîte la wah-wah. La plage titulaire s’avère une alerte symphonie pop de 2’35 montée en neige par les claviers virevoltants de Matthew Kallman, tandis que “Shallow Sun” et les instrumentaux “Sting” et “Brother” embrassent les travées du Love d’Arthur Lee. Un album qui préfigure une béate torpeur estivale, et donne envie d’ouvrir grand les fenêtres en s’étirant au soleil.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 2nd 2020

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