| Variété |
Pratiquement inconnu chez nous, Rea Garvey est un chanteur, compositeur et guitariste irlandais expatrié en Allemagne depuis un quart de siècle. Arrivé au pays de Goethe à l’âge de 25 ans sans savoir parler ni comprendre un mot d’allemand, il ne tarda cependant pas à y fonder son propre groupe avec des musiciens locaux. Transcrit de son prénom en gaëlique (Raymond), Reamonn se révéla vite l’un des chart toppers des classements de singles et d’albums en Germanie, où la formation cumula onze ans durant ventes massives et tournées sold-out. Après quelques tentatives isolées où il révéla son inclination pour l’electro-pop, Rea entama une carrière solo à temps plein au crépuscule de 2011, et son premier album en nom propre se classa à son tour parmi les meilleures ventes outre-Rhin. Devenu une figure de proue du show-biz teuton, il y multiplie les engagements publics et caritatifs, a remporté en 2021 le Grand Prix du Free European Song Contest (sorte de transposition du concours de l’Eurovision) organisé par la TV allemande durant le récent confinement sanitaire, et se trouve actuellement l’un des quatre membres du jury de la déclinaison locale du fameux télé-crochet The Voice. Avec cet album (son neuvième à ce jour), on perçoit vite la recette de sa popularité. À l’instar de Blunt – James Blunt – Rea Garvey s’y entend en effet pour trousser les mots et les mélodies qui filent droit au cœur de ce segment vital des agences marketing que constituent les ménagères de moins (voire plus) de cinquante ans. Sentimental jusqu’à la mièvrerie, il sait proposer le réconfort d’une épaule virile en cas de désarroi (la plage titulaire, ainsi que “To Love” et “Carry Me”), et promettre l’amour courtois éternel (“Together”, “Free Like The Ocean”, “Perfect In My Eyes”, “I Give Up I Love You”, “Only Love” et ces “Make It Rain” et “Loving You Hurts” réminiscents de son compatriote Chris De Burgh), sur des beats aussi festifs et fédérateurs que ceux que dispense chez nous Kendji Girac en direction des filles et petites-filles de ses propres fans (“Somewhere Close To Heaven”, “Yeah Yeah Yeah” – avec un couplet en français chanté par un dénommé Stress – ou encore cette tautologie de “New Day Tomorrow”). Mal placés pour juger de son charme (dont nous ne constituons manifestement pas la cible), et afin de ne pas nous faire taxer de jalousie rentrée, nous plaiderons donc la relaxe.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, December 8th 2024
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