Americana

Québécois sur le point de fêter prochainement son 70ème anniversaire, Ray BONNEVILLE est ce que l’on appelle un “late-bloomer”. Ce qui signifie qu’il lui fallut attendre d’avoir dépassé la quarantaine avant d’enregistrer son premier album. Francophone de naissance, il n’apprit l’anglais qu’à la dure, à l’âge de 12 ans, quand sa famille se relocalisa à Boston. Adolescent rebelle et introverti, son père lui offrit une guitare pour le fixer à la maison. Libéré des Marines où il s’était engagé durant la guerre du Vietnam, Ray BONNEVILLE devint pilote d’avions de tourisme, assurant au fil des années 80 des navettes quotidiennes entre Boston, le Québec, le Colorado et la Louisiane. C’est à New-Orleans qu’il peaufina simultanément son sens du groove et celui de la narration, avant de s’établir depuis dix ans à Austin, d’où il nous expédie son neuvième album à ce jour. La marque de la Crescent City s’y fait encore sentir (“Papachulalay”), et les thèmes du destin, de la fatalité (“The Next Card To Fall”), de l’angoisse et de la culpabilité (“The Day They Let Me Out”) hantent les 11 titres qui le constituent, tandis que des climats proches de Tom Waits traversent également certaines plages (“Forever Gone”). Imaginez qu’au lieu d’aller bêtement enregistrer avec ce con d’Eric Clapton, le regretté J.J. Cale eût eu la brillante idée de le faire plutôt avec le Dylan de “Blood On The Tracks”, ou encore le Willy DeVille de “Victory Mixture”. On ne saura jamais mieux ce que pareilles sessions auraient donné qu’en écoutant cet album de Ray BONNEVILLE. Brillant et addictif au possible, un disque qui révèle de nouveaux sucs à chaque écoute.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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