Raoul Ficel – Qui a tué Robert Johnson?

Tempo Concerts – Socadisc
Blues

Ils s’y sont mis à plusieurs, mais le résultat est là. Raoul Ficel, ‘Good Times Blues’ (1997) et ‘Road of Love’ (2000), plus bon nombre d’expériences que je ne relaterai pas dans ce petit commentaire, car ce n’est pas le lieu, s’est entouré de bons amis pour nous livrer une nouvelle galette bleue qui mérite nombre de remarques élogieuses. Autour de Raoul, des invités tels Lenny Lafargue aux guitares, Laurent Fourchereaud à la batterie, Bruno Consolo à la basse, de même que Jules Rousseau sur quelques morceaux, Gilles Premel-Katzin aux percussions, Mustafa Harfi à l’oud et Jan Sanchez à l’orgue. Tout ce beau monde a entouré notre Raoul national au Studio Berduguet, en septembre 2009, et ensemble ils ont gravé dix joyaux de pur blues chanté en français. Et tant mieux si cela chagrinera ceux qui ne jurent que par le blues chanté en anglais, car cela le fait fabuleusement bien! Il faut dire que le chant en français ne serait que peu de chose si les musiciens étaient des manchots, ce qui, ici, n’est absolument pas le cas.
Les textes collent aux tempos et expriment des choses qui tiennent la route, qui racontent des tranches de vie, et rien ne dépare dans ces chouettes compositions. Inutile de s’étendre ici sur Lenny Lafargue, vu tout le bien que les gens avertis pensent (et disent) de ce musicien, et à l’écoute de l’opus, ceux qui ne le connaissaient pas encore vont combler illico presto leur(s) immense(s) lacune(s).
Tout est fort relevé et épicé sur la galette. Juste comme on l’aime. Deux des compos sont signées Lenny Lafargue, cinq de Raoul Ficel et trois du duo Ficel-Lafargue, ce qui vous fait une galette de dix morceaux particulièrement bien ciselés, avec même un dernier titre qui sonne oriental, ce qui peut s’expliquer puisque Raoul est natif du Maroc et qu’il avait sans doute envie de faire un petit clin d’œil à cette autre culture qui vibre également en lui.
La photo de couverture du livret le présente jouant avec une guitare avec résonateur tandis que l’autre cliché, à l’arrière du boîtier de l’album, le montre quittant les lieux, l’instrument rangé dans son étui. Espérons qu’il ne s’absente pas pour trop longtemps, parce que l’on aime beaucoup ce qu’il fait, Raoul Ficel, et que nous ne sommes plus d’humeur à attendre trop longtemps un prochain album. La vie est courte Raoul, et les bonnes choses ne doivent plus attendre!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine

 

L’homme a bourlingué ici et là, en solitaire ou en groupe, comme avec sa première formation, Blue Velvet, ou comme aujourd’hui, en one-man-blues-band qui ouvre sa porte aux potes pour proposer un album où chaleur humaine se mélange avec émotion aux teintes bleutées des compos interprétées en français. Il a bourlingué, comme cherchant réponse pour savoir qui a tué Robert Johnson. A cette question qui taraude le bonhomme, ce sont dix compos qui tentent de proposer une ébauche de réflexion, car personne n’a jamais pu dire qui avait tué Robert Johnson.
Natif du Maroc, Raoul Ficel a conservé de sa patrie d’origine cette chaleur et cette simplicité attachante qui font de lui un artiste presque à part, hors du système music-business et de ses alouettes attirées par les éclats de lumière, préférant l’amitié et la sincérité à toutes ces paillettes qui fabriquent ou défont des artistes en peu de temps.
Cette sincérité qui vient du fond du cœur, Raoul Ficel vous la délivre et vous l’offre dans des chansons comme ‘Faut qu’on s’aime’ et ‘Tout seul’, ou ‘La nuit je bois’. De merveilleux blues chantés en français et qui vous collent le blues, vous faisant revenir en mémoire, comme un fil rouge sans fin, cette question de savoir qui a tué Robert Johnson.
Point de reprises sur cet opus, mais uniquement des compos signées Raul Ficel et Lenny Lafargue, preuve sans doute que les deux lascars ont eux aussi vendu leur âme au diable, le même que Robert Johnson rencontra, une nuit, au crossroads.
Dommage que le diable ne les ait pas ensorcelés plus que ça pour que les deux compères nous proposent un peu plus de dix titres car l’opus nous laisse presque un arrière-goût de trop peu,…tant c’est bon.

Il y a, comme cela, des artistes qui nous démontrent, tout comme Benoît Blue Boy, que le blues chanté en français a non seulement sa place chez nous, mais aussi sur la scène internationale si les médias et les acteurs de la scène blues y croient et font (enfin) la promo de ces merveilleux Frenchies qui ne demandent qu’à tirer la queue du diable, s’ils trouvent à quel crossroads il se trouve.

Un bien bel album, pour un bien beau moment de blues.

Frankie Bluesy Pfeiffer

Raoul Ficel