RANDY McALLISTER – Paperbag Salvation

Reaction Records
Soul blues
RANDY McALLISTER - Paperbag Salvation

Natif de Dallas, Randy McAllister grandit à Novice, modeste bourgade à l’est du Texas, où son père exerçait la double fonction de pompier à temps plein, et batteur de blues à temps partiel. Sur le modèle paternel, Randy acquit son premier drum-kit avec le pécule qu’encore adolescent, il amassait en tondant les pelouses du voisinage. Mobilisé à vingt ans dans l’U.S. Airforce (et alors basé à Bedford, Massachussets), il y apprit les rudiments de l’harmonica, avant de se téléporter en Alaska où, de 1989 à 1991, il se produisit au sein de diverses formations locales (y alternant déjà drumming, chant et ruine-babines). De retour à Dallas en 1992, il commença à s’y distinguer au sein de la bourgeonnante scène locale, tant par la diversité de ses talents vocaux et instrumentaux que par sa propension naissante à trousser ses propres compositions, où la malice et le sens de l’observation le disputaient à un groove inhérent. Ne tardant pas à s’y lier avec des pointures locales telles que Andrew “Jr Boy” Jones et Mike Morgan, Randy McAllister s’y produisait alors parfois dans les clubs à la tête du groupe de celui-ci, The Crawl. C’est sur recommandation de Jones qu’il signa son premier contrat discographique avec le label anglais de John Stedman, JSP, chez qui il publia trois albums de 1997 à la fin du millénaire. Onze autres suivraient, dont celui-ci, son quatorzième à ce jour. Toujours à la tête de son “scrappiest band in the motherland” (orchestre le plus décousu de la patrie!), il en signe les dix compositions où s’illustre, comme de coutume, son sens inné de la formule qui touche. Le funky “You’re Like Mashed Potaoes” introductif dépeint ainsi, sur le mode puéril, l’adoration que lui suscite l’objet de son amour: “c’est pas compliqué, il existe des choses si chouettes qu’elles ne peuvent être surestimées”! La slide fumante de Brandon Huspeth (où l’on décèle l’ADN patent de Duane Allman), les chœurs qu’y prodigue Heather Newman et les licks de l’harmo juteux du patron estampillent cette plage d’une manifeste touche sudiste. Ballade aux poignants accents gospel, “No Conductor” atteste l’impressionnant registre vocal de Randy, dont le timbre rivaliserait presque avec ceux de soul brothers aussi consommés qu’Al Green et Terry Evans, tout en dialoguant avec la rutilante slide acoustique de Howard Mahan. La verve facétieuse de McAllister s’exerce à nouveau sur le soul number “Most Irrritating Person In The World” (dans la veine de ce que fourbissait Wilson Pickett à son apogée), tandis que les six cordes de Brandon Huspeth y distillent à nouveau leur giclée de kérosène. Randy reprend les baguettes pour l’effréné Texas-double shuffle “South North South”, avec l’impérieuse slide d’Huspeth toujours aux trousses. Avec ses accents skynyrd-allmaniens, “Catch Up Later” maintient les boots dans la glaise du Dixieland. Inutile de préciser que la slide électrique s’y taille la part du lion en décochant un solo à décorner un plein troupeau de bovins. Le southern funk déboule ensuite avec “I’m Doing All The Heavy Lifting”, où Randy McAllister partage équitablement les vocals avec la sémillante Heather Newman, tandis que sa section rythmique prodigue à la Gibson du vorace Hudspeth une nouvelle piste de décollage en vrille. La touche tex-mex twist de “Personal Pinata” procure un savoureux intermède dans la veine de Jackie Wilson, avant que le très Muscle Shoals “Relax Watch The Crash” ne ravive à bon escient la mémoire du regretté Eddie Hinton. Faut-il encore mentionner le sidérant office qu’y effectue le tube d’acier enfilé à l’annulaire gauche du guitariste? Sur un second line beat certifié louisianais, “Waiting Bones” évoque une version speedée du “Walk On Gilded Splinters” de Johnny Jenkins, croisée avec celle, effrénée, de “One Way Out” sur le “Live At Fillmore East” de la bande à Dickey Betts. Autant dire que ça ne plaisante pas. Cet excellent album se referme en beauté sur le serein “Best Patch Of Grass”. Avec ses supérieures parties vocales, son feu d’artifice de guitares, son pétulant assaisonnement d’harmo et son groove de chaque instant, un must évident.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 4th 2021

:::::::::::::::::::

RANDY McALLISTER – Paperbag Salvation: un album à vous procurer sur le on line Shop du site de RANDY McALLISTER, ICI