Rock |
Parangon du stadium rock des années 90 aux côtés de U2, R.E.M. n’a néanmoins jamais tout à fait joué le jeu du star system. Significativement, ce ne sont pas les blockbusters “Out Of Time” et “Automatic For The People” dont le groupe (hors d’activité depuis 2011) a ainsi choisi de célébrer le 25ème anniversaire. Ne faisant pas les choses à moitié, cette réédition se décline (pour sa version Deluxe) en pas moins de 5 CDs et un Blu-Ray. Ces temps-ci, on remixe et augmente bien “Abbey Road” après tout! Au menu, la version originale remastérisée, un plein CD de démos, un remix complet par le producteur originel, Scott Litt, 2 CDs live issus de la tournée consécutive, un extrait vidéo de concert et une demi-douzaine de clips d’époque. Apparemment, l’équipage de l’ex-navire étendard de l’indie-rock U.S. culpabilisait alors de son accession au mainstream, et opta en conséquence pour un de ces virages artistiques à 180° dont il avait le secret. Remisant dobros, tambourins, flûtiaux, mandolines et jingle-jangle au rayon des accessoires, R.E.M. poussa donc la saturation dans le rouge pour livrer son album le plus abrasif. Les singles qui en furent extraits (“Band And Blame” et “What’s The Frequency, Kenneth?”) lui garantirent l’indispensable radio airplay de rigueur (d’autant que MTV dopait alors également leur exposition), et “Monster” se classa en tête des charts un peu partout à la surface du globe. “Let Me In” traitait alors de la récente disparition de Kurt Cobain, “Circus Envy” sonnant pour sa part aussi proche de Nirvana qu’il est décemment possible. Seules les ballades “Strange Currencies” et “Tongue” renvoyaient tant soit peu à leurs deux prédécesseurs. Le batteur Bill Berry ne tarderait pas à rendre ensuite son tablier pour de préoccupantes raisons de santé, mais ceci est une autre histoire.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, November 2nd 2019