QUINN DEVEAUX – Leisure

Sofa Burn
Rhythm 'n' Blues
QUINN DEVEAUX - Leisure

Le problème avec la prolifération exponentielle des étiquettes et sous-genres auxquels nous soumet le marketing depuis des décennies, c’est qu’elles finissent immanquablement par accroître la confusion. Affublé d’un patronyme qui lui vaudrait probablement chez nous les honneurs des étals de charcuterie, Quinn DeVeaux définit en effet son créneau comme de la “Blue Beat Soul Music”. Sauf qu’il ne se rapproche en rien des rythmes jamaïcains auxquels l’association des termes blue et beat se réfère depuis plus d’un demi-siècle… Natif de Nashille, et déjà auteur de deux albums (“This Could Be Yours” en 2018, et “Book Of Soul” en 2020), ce chanteur et guitariste exerce de fait dans la vintage southern deep soul où frayaient déjà bien avant lui des figures tutélaires telles que Otis Redding, Joe Tex et Arthur Conley (“Very Best Thing”, “You Got Soul”, “Take You Back”). Au croisement de ce courant avec le background rural qui irriguait l’inspiration de blue eyed soulmen tels que Tony Joe White ou Eddie Hinton (“Little Bit More”, “USA”, “Holy” ou ce “Evil Woman”, dont le riff rappelle celui du “I Hear You Knocking” de Smiley Lewis), son troisième effort confirme en tout état de cause sa légitimité d’auteur-compositeur interprète dans le marigot soul-revival du moment. Il assemble en effet nombre des codes de production et d’arrangements que cristallisaient en leur temps les fameux studios de Muscle Shoals (pumping horns, orgue déniché chez l’antiquaire, honky piano à la Huey Smith, organic beat sur wooden snare…). Slow lacrymal à la James Carr, la valse “Give Love A Try” tutoie le “I Got The Blues” des Stones circa “Sticky Fingers”, et le calypso “Many Days” aurait pu faire le bonheur du regretté Harry Belafonte autant que celui de Sting, tandis que seule concession à la moindre technologie post-sixties, le swamp et lancinant “I Wanna Know” use d’une beat box rudimentaire en guise de click (pour un résultat heureusement plus proche du J.J. Cale de “Naturally” que de Kraftwerk). Bien plus crédible que Lenny Kravitz quand ce dernier se prête à ce type d’exercice, Quinn DeVeaux nous déçoit finalement en bien, comme le disent nos amis Suisses romands.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 8th 2024

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