QUINCY JONES – Live In Paris 14 Mars 1961

Frémeaux & Associés / Socadisc
Jazz
QUINCY JONES - Live In Paris 14 Mars 1961

Arrangeur et chef d’orchestre de génie (dans la ligne de ses modèles, Duke Ellington, Benny Carter et Count Basie) et compositeur au flair teinté d’opportunisme, Quincy Jones conserva, sa vie durant, un attachement particulier envers Paris. Né à Chicago d’un charpentier et d’une mère bientôt internée dans un établissement de santé mentale, il exerça tout jeune le métier de cireur de chaussures (qui comme l’on sait, mène à tout, demandez donc à James Brown), avant d’intégrer à Seattle le combo d’un certain Ray Charles, et d’obtenir une bourse pour le fameux Berklee College of Music, pour s’établir un temps dans la Ville Lumière afin d’y suivre l’enseignement de la grande Nadia Boulanger (alors directrice du Conservatoire Américain de Fontainebleau), puis d’être recruté par Eddie Barclay en tant qu’arrangeur en titre de son label. Début mars 1960, Quincy Jones se produisit à l’Olympia de Paris à la tête de son propre Big Band (cf. l’album subséquent également paru chez Frémeaux & Co), avant un retour compliqué aux States, qui le laissa quasiment flat-broke. C’est avec un orchestre profondément remanié qu’il revint en Europe l’année suivante: son quartette de trompettes y proposait en effet un tout jeune Freddie Hubbard, tandis que celui de trombones présentait l’impressionnante Melba Liston, le quintette de saxophones Phil Woods, et la section rythmique un certain Carlos “Patato” Valdes. Capté le jour de ses 28 ans, cet enregistrement présente Quincy Jones au tournant de sa carrière. Les versions du “Summertime” de Gershwin (survolté en double-tempo introductif) et du “Moanin” de Bobby Timmons (tube à l’époque) côtoient ici celles du “Caravan” du Duke, de “Banja Luka” de Phil Woods et du “The Midnight Sun Will Never Set” que co-signa avec Quincy notre Henri Salvador national. Bientôt, Mr Jones produirait et arrangerait pour son ami Ray Charles le fondamental “Genius + Soul = Jazz”, avant de s’engager avec succès dans la composition de musiques de films (“In The Heat of The Night” de Norman Jewison)… Des années plus tard, il produirait également le multi-platiné “Thriller” d’un certain Michael Jackson, avant de se répandre en insanités sur le compte d’autres artistes populaires (dont les Beatles). Pour l’heure, l’élève se trouvait en passe d’égaler ses maîtres, et cet instantané magistralement restauré mérite amplement que l’on s’y attarde, à près de soixante ans de distance.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 26th 2020

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