No Wave |
New-York, no wave… Il y a quarante ans, l’association de ces termes ordonnançait les tendances et les élégances d’une jeunesse désabusée, avant même que d’avoir vécu. Issus des formations new-yorkaises Wall (se revendiquant du courant post-punk) et Beverly (indie-pop), les deux gars et deux filles de Public Practice semblent à présent déterminés à ressusciter cette époque mythique, où les clubs de la Big Apple orientaient la boussole des eighties naissantes. Si, avec son loop de drone hypnotique, le lugubre “Moon” d’ouverture pourrait presque passer pour le rejeton putatif du glaçant “Ghost Rider” de Suicide, la suite des événements se déroule par contre sous les égides croisées de Blondie (“Cities”, “Each Other”, “Underneath”, “My Head”, “Understanding”, “Leave Me Alone”), ainsi que du Tom-Tom Club de la paire Frantz/Weymouth (“Disposable”, “See You When”), du Bowie de “Fashion” (“Hesitation”) et des B-52’s (d’Athens, certes: “Compromised”, “How I Like It”). Ayant retenu de cette période de référence trois ou quatre principes cardinaux (mélodies pop, funky beats martiaux, énergie abrasive et concision), Public Practice en restitue brillamment l’esprit comme le son. Tandis que l’on dansait en veste cintrée unisexe (avec fine cravate de cuir) sous la lumière crue des stroboscopes, on ne pouvait imaginer que ces oracles d’alors (censés annoncer un hypothétique futur plastoc) exhaleraient de nos jours le même charme suranné que les comptoirs de Bakélite du Palace (et avant eux, les scopitones des Chats Sauvages)… Chers ex-Jeunes Gens Modernes, la vie est une catin, et l’Histoire sa maquerelle!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, June 4th 2020
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PUBLIC PRACTICE – Gentle Grip: un album à vous procurer sur le Bandcamp de la formation Public Practice, ICI
et aussi sur le site internet de Modulor Records, ICI