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En général, pour leur cinquantième anniversaire, la plupart des rares groupes à y parvenir entament une tournée de reformation. Laquelle donne lieu à un album Live bien trafiqué, reprenant leurs hits historiques à destination de leurs fans nostalgiques. Vaisseau fantôme de l’âge d’or du rock anglais depuis un bon quart de siècle, PROCOL HARUM persiste à rompre avec cette tradition, en livrant pour l’occasion son premier album studio en près de quinze ans. À ceux qui persiflent en indiquant qu’il n’y demeure plus qu’un seul membre originel, on répliquera qu’il en en fut de toute façon déjà le cas dès leur formation. En effet, des musiciens qui enregistèrent l’immortel “A Whiter Shade Of Pale” ne subistèrent, sur le premier album, que les deux claviéristes. Cette fameuse combinaison orgue-piano qui établit d’emblée le son de Procol. Des thématiques sombres, une ironie sarcastique et une mélancolie ombrageuse, pour ce groupe qui traîna, depuis ses premières incarnations, son tube initial comme un boulet. La formation actuelle est de loin la plus stable de son histoire. Hormis sur le tabouret du batteur, les musiciens en sont restés quasiment inchangés depuis sa refondation en 1991. Quant aux tournées commémoratives, ils n’ont pratiquement fait que cela depuis, excepté l’honorable “The Well’s On Fire” de 2003.
Alors, un nouvel album original de PROCOL HARUM pour leurs cinquante ans ? Même si les Stones et Who eux-mêmes n’y parviennent plus, ce bougre de Gary Brooker ne semble guère intimidé par le défi. A-t-on assez répété qu’avec son timbre proche de celui de Steve Winwood, il demeure l’un des meilleurs vocalistes anglais en activité ? Passé la surprise et le scepticisme, ce disque ne déshonore nullement l’édifice procolien. Si la pompe et la grandiloquence de leurs grands classiques (“A Salty Dog”, “Grand Hotel”) se trouvent ici délaissées au profit d’une approche parfois similaire à celle du Steely Dan d’il y a quarante ans (“Image Of The Beast”, “Soldier”, “Can’t Say That”), la couleur de cet inespéré douzième album le situe entre “Exotic Birds And Fruit” et “The Prodigal Stranger”. Seuls les majestueux “The Only One” et “Sunday Morning” (avec son discret arrangement de cordes et son tempo de marche nuptiale) le relient de façon troublante aux tout débuts du groupe. En lieu et place du regretté Keith Reid, c’est le grand Pete Brown qui assure ici l’écriture des lyrics, dont l’acerbe malice évoque parfois celle d’un Pete Townshend (“Don’t Get Caught”, “Neighbour”). Welcome back !
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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