PORCHES – Ricky Music

Domino
Synth-Pop
PORCHES - Ricky Music

Pour son quatrième album sous ce pseudonyme, Aaron Maine (qui publia aussi naguère sous les monikers de Aaron Maine & The Reilly Brothers, Space Ghost Cowboys, Sex God, Ronald Paris et Ronnie Mystery) a cette fois encore tout bidouillé presque seul, selon son habitude. C’est le côté pratique de la technologie numérique: armé d’un simple laptop, on peut désormais enregistrer partout. Il ne s’en est pas privé, puisqu’outre son propre appartement new-yorkais, le bougre a conçu cette rondelle entre Chicago, Los Angeles et diverses villes européennes. Trimballer son studio dans un attaché-case est sans doute plaisant, mais vivre entre deux valises l’est apparemment beaucoup moins, surtout quand cela coïncide avec une rupture amoureuse. Comme Neil Young et Dylan l’ont démontré, les breakup albums peuvent se révéler parfois des sommets créatifs (même si les contre-exemples abondent). Sans en renouveler le thême (qui demeure de toute façon similaire pour chacune et chacun), Aaron en livre toutefois une version à la fois sincère et originale. S’ouvrant sur un simple piano-voix, le splendide et poignant “Patience” parvient à marier ensuite machinerie synthétique et languide slide guitar, tandis que “Do U Wanna” transcende la romance song façon Brill-Building (réminiscente de Goffin-King – encore un couple désuni) en une déchirante invitation à chialer un bon coup (tout comme “Hair”, où ce pauvre Aaron se lamente sur un cheveu retrouvé sur sa brosse). Les hagards et non moins somptueux “Lipstick Song” et “I Can’t Even Think” dressent les états des lieux cliniques d’une chambre et d’une salle de bains désertes (tels que transcrits par Ten CC et les Pet Shop Boys), tandis qu'”I Wanna Ride” et l’avorté “Wrote Some Songs” évoquent les démos d’un Brian Wilson hypnotisé par un computer (ou encore un vieux tube synthétique des Motels). Empruntant les gimmicks techno les plus éculés, le bien intitulé “Madonna” rappelle les Daft Punk des débuts, vocoder à l’appui. Seul titre réellement enlevé de cette lugubre collection, “PFB” s’interrompt brutalement au bout de 33 secondes (et encore, ce n’était que pour ânonner “It’s looking bad, it’s looking bad, it’s looking pretty fucking bad”). Comme son titre l’indique, “Fuck_3” s’échoue à son tour en fanfare disruptive, et le tout s’écoute effectivement comme un constat de naufrage. Un conseil: si d’aventure votre partenaire vous plaque, attendez un peu avant de glisser cette galette dans le chauffe-plat. Surtout si vous logez au quatrième.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 29th 2020

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