POPA CHUBBY – Two Dogs

Verycords / Distrib. Métisse
Blues-Rock

Trentième album au bas mot en un bon quart de siècle de carrière: s’il devait s’appuyer sur une canne la dernière fois qu’on le surprit en nos contrées, le sumo du Bronx ne semble donner pour autant aucun signe d’essoufflement. Cette nouvelle livraison décolle prestement avec “It’s Alright” (guitare claptonienne en diable) et le shuffle “Rescue Me”. Avec ses cuivres chauffés à blanc, “Preexisting Conditions” rend ensuite hommage à Huey Piano Smith & The Clowns, tandis que “Sam Lay’s Pistol” en fait autant avec Howlin’ Wolf, sur un mambo beat propice aux santanasseries dont notre homme demeure friand. Son obsession récurrente pour Hendrix s’exprime sur la plage titulaire, où les deux chiens en question font wah-wah de bout en bout. Autre fixette du lascar, Keith Richards semble avoir inspiré “Dirty Old Blues”, (qui n’en est pas un, mais un rock stonien en diable, avec slide façon “Brown Sugar” et “Rocks Off”). L’édition press-release dont je dispose ne mentionnant hélas pas les musiciens impliqués, je jurerais néanmoins que le piano y est assuré par l’excellent Dave Keyes (un temps complice du regretté Willy de Ville). Popa revisite ensuite l’un de ses propres classiques, “Shakedown”, à la manière de ses héros Hendrix et Cream. Avec son pont de flûtiaux baroques, l’acoustique, inattendu et superbe “Wound Up Getting High” évoque des ballades skynyrdiennes telles que “Tuesday’s Gone” – ne jamais oublier que Popa Chubby dispose des mêmes références que ses auditeurs ! Démarquage éhonté de “Watermelon Man”, l’instrumental “Cayophus Dupree” s’avère un intermède récréatif où les ombres de Carlos Santana, Larry Carlton et Pat Metheny rivalisent pour déterminer laquelle d’entre elles possède la plus grosse. Profession de foi s’il en est, “Me Won’t Back Down” évoque la pas si improbable rencontre entre War et Band Of Gypsies. Guitar Parts Marvel Magazine se montrerait inspiré d’éditer un cahier spécial sur le solo qui traverse ce titre, tandis que le ZZ Top weekly pourrait en faire autant avec l’instrumental “Chubby’s Boogie” (featuring Dave Keyes again aux 88 touches). Popa se fait encore plaisir en reprenant live “Sympathy For The Devil”, avant de conclure de concert sur le rédempteur “Hallelujah” de Leonard Cohen (selon l’arrangement fédérateur de Jeff Buckley). Si le diabète, l’asthme et le surpoids ne l’achèvent pas prématurément, Popa Chubby pourrait bien continuer à s’avérer la valeur refuge d’un classic-rock & blues dont les amateurs se renouvellent de génération en génération.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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