POPA CHUBBY – Emotional Gangster

Dixiefrog / PIAS
Blues-Rock
POPA CHUBBY - Emotional Gangster

En dépit des aléas matrimoniaux, sanitaires et géopolitiques, Popa Chubby nous a habitués, depuis trois bonnes décennies, à son lot régulier de livraisons annuelles. C’est donc sans surprise excessive que nous parvient ce nouvel album (son 36 ou 37ème…? À ce stade, on ne compte plus). Ayant enregistré son prédécesseur (“Tinfoil Hat”, paru voici pile 12 mois) seul dans son studio bunker de la vallée de l’Hudson (État de New-York), Theodore Horowitz semble avoir pris goût à l’exercice, puisque, hormis l’harmonica du grand Jason Ricci sur deux titres, il en assure à nouveau toutes les parties instrumentales, ainsi que la production et le chant. De même, si l’on excepte deux covers assez convenues (“Hoochie Coochie Man” de Willie Dixon et “Dust My Broom” d’Elmore James), il délivre à nouveau neuf compos de sa plume (que l’on sait prolixe). Ne répugnant pas à un éclectisme l’ayant mené depuis ses débuts du rock au funk, en passant par le swing, le jazz, le hip-hop et le reggae, il ne s’en recentre pas moins pour ce nouvel effort sur le versant blues de la force. Ainsi de la plage d’ouverture, zébrée de licks de slide fumantes dignes de feu Johnny Winter, et des brûlants shuffles “New Way Of Walking” et “Save The Best For The Last”, réminiscents du “Black Friday” de Steely Dan de 1975, et qu’il assaisonne, l’un d’une copieuse nappe de Hammond B3, et l’autre d’un barrelhouse piano, tout en y accueillant sur chacun l’harmonica incandescent de Jason Ricci. Il confirme ses convaincants talents de pianiste sur “Equal Opportunity” et “Why You Wanna Make War”, où sa slide brille à nouveau, selon un mode sudiste avoisinant les persiflages acerbes du Lynyrd Skynyrd d’antan. Le tableau ne serait pas complet sans un furieux boogie façon Canned Heat et ZZ Top, est c’est l’approprié “I’m The Dog” qui en fait office, tandis que “Doing OK” assure ici fonction de funk hendrixien également de rigueur. “Fly Away” est une ballade mélancolique qui permet aux six cordes du Chub de prendre leur essor vers de stratosphériques variations, et après une superfétatoire version en français de “Why You Wanna Make War”, cet opus se referme sur le (quelque peu longuet) bonus instrumental “Master IP”. Même si cela fait un bail qu’aucun nouvel album de Popa n’a réellement suscité l’étonnement, on lui sait néanmoins gré de maintenir avec celui-ci le standard de qualité auquel il nous a accoutumés.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 7th 2022

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le bougre en a encore sous le capot. Et cela s’entend dès les premières secondes. De l’énergie à revendre et une dextérité à la guitare qui frôle l’indécence. Et alors que la jeunesse peine à nous proposer plus de 10 ou 11 titres par galette, ne voilà t’il pas que le Ted nous en assène un douzième en bonus au cas où l’on douterait encore de sa générosité. Il remercie les musiciens qui l’inspirent et l’accompagnent ces derniers temps: Dave Keyes aux claviers, Stefano Giudici à la batterie, Max Barrett à la basse, Francesco Beccaro à la basse et Andrea Beccaro à la batterie. Lui, Ted, joue de tous les instruments, excepté l’harmonica dans lequel souffle James Ricci sur “New Way Of Walking” et “Save The Best For Last”. Toutes les compositions sont de lui, en personne, exceptées deux reprises interprétées de manière exceptionnellement bourrées de talent: l’une de Willie Dixon, “Hoochie Coochie Man”, et l’autre d’Elmore James, “Dust My Broom”. On a l’habitude de dire que plus les choses prennent de la bouteille, meilleures elles sont. Je dois dire que c’est bien quelque chose que l’on vérifie dans le cas de Popa. Après plus de 60 albums chez Dixiefrog (hé oui, 60!!!), à qui il est resté quasiment fidèle, si l’on excepte la petite incartade chez Provogue. Fidèle à l’esprit du New York City Blues et fidèle à son public de fans et à la France, on peut avouer que Monsieur Ted Horowitz mérite tout notre respect à plus d’un titre! (Nous avons la pudeur de ne pas mentionner sa tentative de chanter en français…)

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, March 23rd 2022