Chanson rock |
Est-ce son septième ou son dixième album? Comme pour les dates de naissance de maints bluesmen et troubadours, les chiffres varient selon les sources… Toujours est-il que le dénommé PJ Le Moal ne semble pas tombé de la dernière pluie. Parisien natif mais migré à Toulouse (ce qui diffère de born to lose, vous en conviendrez), il cultive depuis belle lurette sa verve musico-littéraire, à l’ombre de figures aussi emblématiques que celles de Mississippi John Hurt, Bob Dylan ou Louis-Ferdinand Céline, et ajoute à son curriculum quelques rencontres décisives (Alan Jack, Benoît Blue Boy, Alan Gerber, Chino Sanchez ou encore Bruno Wirtz, roué multi-instrumentiste qui produit cet album). “Dédiées aux Indiens dans ce monde de cow-boys” comme énoncé en exergue, ces dix nouvelles compositions promènent ainsi la chanson française entre reggae paresseux (“Poussière d’Étoile”, avec l’accordéon mélancolique d’Olivier Bailly), gospel choral (“Alors Comme Ça La Terre Est Plate”), hillbilly dévoyé (“Nature Morte”) et country-blues vernaculaire façon Benoît Billot (le claudiquant “J’ai Beau Chercher” ou le clapotant “Au Large d’Ouessant”). La poésie surréaliste du regretté tandem Bashung-Bergman s’invite en majesté sur les manifestes “Un Jour, Je Recollerai Tous Les Morceaux”, “Nos Chevaux Dans La Nuit Galopent Lentement” (dont les accents poignants rappellent Allain Leprest), “Sur La Frontière”, ainsi que sur l’imparable “Des Millions” (aux arrangements knopfleriens). Et quand PJ fend l’armure pour réduire la déclaration d’amour à sa plus limpide expression (le bouleversant “Sans Toi”), il faudrait être salement blasé pour n’en point éprouver le frisson. D’une écriture ciselée, voici donc une œuvre qui restitue à ce terme tant galvaudé d’indépendant toute sa substantifique poésie.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 27th 2024
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