Philippe MÉNARD – Exile On Mémène St.

Autoproduction
Blues-Rock
Philippe MÉNARD - Exile On Mémène St.

Cela fait maintenant plus de quatre décennies que le paysage français recèle au moins deux irréductibles résistants à l’impérialisme mainstream. Dans le rôle de Jules César, considérez donc ce marketing débridé, étendant chaque jour son influence à seule fin d’inciter les masses à consommer davantage encore d’inepties (abusivement qualifiées de culturelles). Et dans celui d’Astérix et Obélix: Little Bob et Philippe Ménard. Leur potion magique? Outre une intégrité à toute épreuve, elle réside dans leur ancrage forcené à leurs racines respectives. Si pour Robert Piazza, on y décèle sans peine les Animals, Pretty Things et autres Bo Diddley, celles de Mémène infusent dans un terreau où circulent depuis toujours les fantômes de Johnny Winter, Big Bill Broonzy et Rory Gallagher. “My Inuit Girl”, “She’s My 6L6, My EL34” et “Some Humming In My Brain” arpentent ainsi les riches travées des débuts de l’Irlandais (“Used To Be”, “Laundromat”, “In Your Town”, “Moonchild” & Co…), tandis que “The Golden Watch”, “Jill And John”, “Hey Girl, Don’t You Cry”, “A Brand New Life” et le réjouissant “Save My Liver For The Cat” en font autant pour son versant country-blues. Avec sa mandoline s’apparentant aux premiers Faces, “Little Green Eyed Girl”, ainsi que “Our Fear Is Gone Away” et “Lying” lorgnent sans complexe vers les Stones de… “Exile On Main Street” (Mémène s’y répartissant équitablement les parties respectives de Keef et du chérubin Mick Taylor). “Always The Same”, “Sexnical Nicole” et “Fake News” assument pour leur part une salutaire touche homemade funk, et le savoureux calypso “An Eye For An Eye” commente avec ironie la crise sanitaire actuelle. Avec ses guitares entrelacées, “Rescue Me For Tonight” emprunte des accents jazzy, alors que “The Lady In The Fourth Row” et “Back At The Bacchanale” s’avèrent des hommages appuyés au Jimi Hendrix d'”Electric Ladyland”. Les instrumentaux “Hayku 1, 2, 3 & 4” évoquent les ombres de Jorma Kaukonen, Harry Manx et Davey Graham, tandis qu’au rayon blouses (collection automne-hiver), “Well Done” (avec sa slide fureteuse et son harmo lancinant) et “Carmen” garnissent les cintres. Avec leur reverb guitar et leurs riffs hypnotiques en tourniquet, “We Are Twins” et “Someday, She’ll Talk To Me” rappellent autant les Beatles de “I Want You” que le Peter Green de “Man Of The World”. Nous sommes nombreux à justifier notre préférence pour “Exile On Main Street” en arguant que “c’est le meilleur Stones, parce qu’il y en a deux”. Le même verdict pourrait s’appliquer à cette nouvelle livraison de Philippe Ménard (sa douzième à ce jour)… Deux LPs (ou deux CDs, selon votre option) gorgés jusqu’à la glotte de tout ce qui nous tient à cœur chez ce dernier des Mohicans: sincérité, virtuosité, et viscérale fidélité à ses premières amours. Certes, Ménard exerce depuis plus d’un quart de siècle en tant qu’homme-orchestre, et sonne cette fois encore souvent comme un groupe à lui seul, mais là n’est pas l’essentiel. Depuis son trio fondateur, Téquila, ce type n’a jamais dévié. Chapeau bas.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 30th 2020

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