| Blues |
“J’essayais de connecter ma voix à ma guitare. Ma guitare et ma voix se sont mises à chanter, comme si les deux se parlaient. Le blues saignait du même sang que moi”, disait B.B. King.
Sans vouloir faire de comparaison avec cette citation , mais plutôt une affiliation avec un disciple de ce ‘King of blues’ dont les mains noires caressaient de sublimes pulsions les cordes sensibles de sa maîtresse Lucille, je citerai Philippe Grancher. Car depuis quelques décennies déjà, Philippe Grancher s’est imposé comme étant un virtuose incontesté de la guitare, la faisant si bien converser avec ses cordes vocales, dévoilant ainsi toute l’intensité de son identité. La guitare est reine, le sang bleuté coule dans ses veines, Philippe Grancher, icône du blues de l’hexagone, par son talent et son charisme, en impose.
De plus, connaissant l’artiste, et ainsi à juste titre l’apprécier, je vous assure que le personnage est attachant. Comme le dit Philippe, le marché des CDs étant en pleine déconfiture, on ne sait plus trop quoi faire pour diffuser son travail. Donc ce dernier fait le choix de proposer un DVD, enregistré ‘live’, l’année passée dans la salle de spectacles du centre culturel du ministère des finances à Bercy.
“Are you ready for the blues?”
Sous quelques lumières bleutées dans ce décor planté, Philippe Grancher nous présente ses musiciens, ses G-Men du Blues, Paolo Coccina à la basse, Clément Duventru, son complice de toujours à la batterie, et Daniel Le Noury au piano et à l’orgue.
Sous les feux des projecteurs, entre pénombre et lumières, accentués de superbes plans rapprochés, surgissent du passé toutes les peines et les joies de cette musique dite du diable. Philippe Grancher nous fait revivre de sa touche personnelle, sublimant de liesse et de pleurs les cordes de sa ‘Lady Blues’, quelques standards intemporels, ‘Every Day I Have the Blues’, immortalisé par B.B. King, ‘Phone Booth’ de Robert Cray ou encore ‘Help Me’ de Sonny Boy Williamson II.
Philippe ne se prive pas de jouer quelques unes de ses compositions comme ‘Big Time Gambler’, car fidèle à ses convictions, l’envoûtement de sa passion au plus proche des racines du Blues procure toujours au public d’intenses émotions.
Sur cette autre composition, ’40 years Old’, non dénué d’humour sur scène et dans la vie, l’artiste incitera l’assistance quelque peu réservée pour qu’elle reprenne en choeur ces paroles: ‘The Blues is alright’. Surprenant, il fait une belle démonstration, comme le faisait Hendrix, de son instrument joué avec les dents.
Citons également ce titre ‘Guess Who’ de B.B. King et cet hommage au fil de deux medley, à ces incontournables légendes du Blues, femmes et hommes, que sont pour l’éternité Big Maybelle, Carl Perkins, Ma Rainey et Preston Foster.
Saluons la performance des G-Men, complices de l’extrême au près de Philippe Grancher, que sont, comme déjà cités, Paolo Coccina pour cette prestance à la basse, Clément Duventru, maître du tempo, et Daniel Le Noury, magistral de ses envolées magiques sur les touches des ses claviers.
Au coeur du Blues et en si bonne compagnie durant environ une cinquantaine de minutes, le temps passe à la vitesse de l’éclair, on en redemande mais on se console en se disant qu’à la prochaine occasion nous irons retrouver Philippe Grancher et ses G-Men sur scène!
Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move
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