Blues-Rock |
Si son Signs d’il y a deux ans nous avait pris par surprise, on n’en attendait pas moins son successeur au tournant. C’est vrai, quoi, qu’est-ce que c’est que ce french guitar-hero qui débarque après la bataille, pour rafler au culot les lauriers durement gagnés par ses prédécesseurs anglo-saxons? D’autant qu’on en a connu, de ces shredders à la gomme qui polluent de nos jours encore le paysage sonore. Sauf que le cas Manca ne relève pas précisément de cette sinistre engeance. Virtuose, certes (son travail sur les six cordes s’avère à nouveau proprement sidérant), mais sans verser dans le registre Foire du Trône pour autant. Après un parcours simplement bluffant pour un musicien de sa trempe en milieu hexagonal, le gonze semble désormais résolu à n’en plus faire qu’à sa tête. En conséquence, tout en reprenant l’impressionnante section rythmique de son opus précédent, il rameute en la personne de Josselin Jobard le vocaliste idoine pour ses compositions, et trouve en sa mie Frédérique Arguello la parolière qui leur sied à point. De là, notre Phil d’Ariane (pour la fusée) tisse sa propre généalogie, qui défile sans à-coups depuis les Yardbirds jusqu’à Rudolph Schenker, tout en citant au passage des références à Foreigner et Larry Carlton. Plus ouvertement blues-rock que son prédécesseur, cet album s’ouvre ainsi sur le shuffle “Crying For Freedom”, évoquant les grandes heures de Wishbone Ash. Si le riff de la plage titulaire s’avère réminiscent de celui du “Kashmir” du Zep (soli stratosphériques et coups de boutoir afférents), et si “Betty Blue” convoque l’esprit du “Parisienne Walkways” de Gary Moore, on n’y décèlera guère que la trace du même souci de cohérence. Exit donc cette fois les reprises des Beatles et autres AC/DC qui émaillaient le Signs d’il y a deux ans, mais persistance de deux nouvelles covers du regretté Johnny Guitar Watson, ainsi que celle du “All Around The World” de Titus Turner. Déplaçant donc résolument la barre vers des abords bluesy, Phil Manca n’en maintient pas moins le cap vers son étoile du Berger, à savoir le Jeff Beck période Truth et Beck-Ola (pour son ADN à la fois heavy et hautement éruptif), le Zep du III (“Mask Of Snow”), et les Teutons flingueurs de Scorpions (“Talia”, “Sea Of Stone”). En guise de conclusion, nous vous livrons un scoop de taille: Jeff Beck, Johnny Guitar Watson, Jimmy Page et Gary Moore partageaient tous le même correspondant français. Son nom était (et demeure) Phil Manca, et si vous en doutiez, la simple écoute de cet album vous en convaincra aisément.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, December 19th 2020
::::::::::::::
PHIL MANCA – Dancing Spirits:
PHIL MANCA – Dancing Spirits (Arguello/ Manca) from the Album “Dancing Spirits”.
Album à commander en Digital et/ou CD: HERE
Website: HERE