Punk Blues

Quand j’étais jeune, j’étais vraiment con. J’écoutais à la chaîne “Shake Appeal” des Stooges, “Kitchen Sink Boogie” de Hound Dog Taylor, et “Second Cousin” des Flamin’ Groovies, et je pensais que c’était la même musique. C’est dire si j’étais con. Pourtant, j’avais des potes éduqués, qui m’ont expliqué les étiquettes, et m’ont guidé vers Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Elmore James et Gene Vincent. Mais le mal était fait, et j’en ai gardé des séquelles: à preuve, je n’arrivais toujours pas à décider si je préférais les Cramps ou les Stray Cats! Bref, ça fait quarante ans que je me soigne, et juste quand je croyais être enfin guéri, v’là-t-y pas que je tombe sur PETIT VODO! Ah, pour sûr, on m’en avait parlé, et méfiant comme je suis, je m’en étais soigneusement tenu à l’écart. Mais là, paf! Son neuvième album me rentre dedans par la droite. Refus de priorité caractérisé, mais allez donc faire un constat à l’amiable avec un one-man band… En bon McGyver de la débrouille, le gusse assure tout lui-même: guitares, batterie, harmo et voix passée par interphone non conventionné. Comment lutter? Sa cover du “Hip Shake” de Slim Harpo est digne de Roy Loney, celle du “Death Letter” de Son House, du Gun Club, et histoire de ne laisser aucun échappatoire, il reprend carrément DEUX titres du Hound Dog! Alors, c’est sûr, mes potes férus d’étiquettes vont froncer les sourcils, car le VODO Chile ne respecte franchement ni les lignes jaunes, ni les emplacements de parking. On dirait par moment l’album solo que Lux Interior n’a pas eu le temps d’enregistrer. Mais bon Dieu, ce que ça fait du bien, d’être à nouveau con: do the hip-shake, babe!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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