Pete Townshend’s Deep End – Face The Face

DVD - Eagle/Universal
Rock

Pete Townshend n’a jamais été homme à craindre le ridicule. Depuis sa fameuse tirade "Hope I die before I get old" jusqu’à sa dévotion au gourou Meher Baba (sans oublier la version symphonique de "Tommy"), le pédant des Who semble n’avoir jamais raté une occasion de changer d’avis comme seuls, paraît-il, les cons n’osent se le permettre. En 1985, après avoir juré ses grands dieux qu’on ne le prendrait plus à ranimer son groupe originel, il publia son quatrième album solo (à nouveau basé sur un concept, on ne se refait pas), "White City", dont il ne donna de fait qu’un nombre limité de représentations sur les planches. C’est lors de son passage au Midem de Cannes que ce concert fut capté pour la fameuse émission de la TV allemande "RockPalast". Parmi le casting qui l’accompagnait alors, on signalera d’abord la présence d’un David Gilmour quelque peu épaissi, mais encore chevelu. Mais aussi celles de l’excellent harmoniciste Peter Hope-Evans, du batteur Simon Phillips (futur Toto, et sosie de Graham Gouldman), du claviériste Rabbit Bundrick (sideman régulier des Who), ainsi que d’une pleine section de cuivres coiffée à la "mullet" (années 80 obligent), et pas moins de cinq choristes. Rasé et coiffé de près, Townshend lui-même semblait ne pas savoir quoi faire de lui-même dès qu’il ne chantait plus, pour peu qu’il abandonnât la guitare sèche derrière laquelle il daignait encore se réfugier parfois. Époque oblige, les sons synthétiques s’avéraient aussi présents sur scène qu’ils l’étaient sur le disque, et hormis trois titres des Who (dont un "Won’t Get Fooled Again" cuivré à mort), ce sont bien ses derniers albums en date alors qui constituaient l’essentiel du répertoire. Qu’en dire? Après avoir traumatisé le jeune Paul Weller à ses débuts, il semble que c’était désormais à Townshend d’être influencé par le Style Council. Bien qu’à peine entré dans la quarantaine, le Pete semblait alors souffrir d’une sévère crise de jeunisme, et tous ces sons typiquement eighties paraissent à présent bien datés. Reste un Gilmour impérial de bout en bout (il interprétait d’ailleurs un de ses titres solo), et l’étrange impression d’assister à une séquence issue d’un univers parallèle.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

Pete Townshend’s Deep End