Rock |
Monumentale galette ‘live’ de la formation de Seattle! Ils n’en sont certes pas à leur premier opus ‘live’, mais l’occasion de revisiter le superbe répertoire de ce combo, vieux de vingt ans et quelques, est néanmoins fortement prégnante. Et sans hésiter, je pense que les déçus éventuels seront inférieurs aux doigts d’une seule de mes mains, c’est dire la qualité de l’opus. Eddie Vedder et ses acolytes nous régalent en effet d’une somme de prestations qui valent leur pesant de métal précieux. Et quasiment tout le répertoire du groupe est sollicité, avec:
Arms Aloft, Jeremy, Alive, Porch, Ten, 1991
State of Love and Trust, bande originale du film de Cameron Crowe, Singles, 1992
Animal, Rearview Mirror, VS, 1993
Spin The Black Circle, Vitalogy, 1994
In Hiding, Yield, 1998
Nothing As It Seems, Binaural, 2000
I Am Mine, Riot Act, 2002
Yellow Ledbetter, Jeremy and the Lost Dogs, 2003
World Wide Suicide, Pearl Jam, 2006
Got Some, Unthought Know, The Fixer, Just Breath, Backspacer, 2009
Georges Perec, en rédigeant ‘La disparition’, en 1989, était parvenu à écrire plus de trois cent pages sans utiliser la voyelle ‘e’. Je rédige, beaucoup plus modestement, cette chronique en omettant un seul titre, volontairement. Et vous le trouverez plus aisément que la seule lettre ‘e’ oubliée par cet Oulipiste célèbre.
Les musiciens fidèles de la première heure, Mike McCready à la guitare solo et ‘guitar left’ sur la pochette, Stone Gossard à la guitare rythmique et ‘guitar right’ sur la pochette, et bien sûr Jeff Ament à la basse, sont bien présents sur le devant des scènes. Ce dernier est d’ailleurs à l’initiative de ce projet qui est un hommage à l’album en public ‘Live on Two Legs’ sorti en 1998. Ils sont accompagnés par Matt Cameron à la batterie, cinquième artiste à officier aux fûts depuis les débuts, à Seattle, le siècle dernier. Mais bon, il est déjà avec le groupe depuis plus d’une décennie. Douze ans, exactement. Quant au claviériste, spécialiste de l’orgue Hammond B3, Kenneth ‘Boom’ Gaspard joue avec le band depuis 2003.
En sortant d’une immersion totale avec la musique de ce groupe qualifié de ‘grunge’ à ses débuts, nous ne pouvons qu’espérer vivre des émotions aussi intenses que celles vécues par les heureux spectateurs qui ont eu la chance de les écouter en chair et en os. A quand leur prochain passage dans notre capitale, ville lumière de plus en plus sombre…?
Paris-Move
Attention devant, derrière et même sur les côtés, car ça dégage avec ce live qui est de l’explosif estampillé ‘fatal’. Plus qu’une visite du répertoire du combo, c’est un décollage que les membres de Pearl Jam vous proposent. Décollage de fusée comme décollage de la pulpe qui vous colle encore au bas du cerveau. Dans votre enceinte de droite, c’est la guitare rythmique de Stone Grossard qui vous scotche au plafond tandis que du côté gauche, c’est la six cordes de Mike McCready qui vous griffe, vous découpe en fines lamelles. Un album plus lourd plus destructeur que les précédents albums live et qui démontre combien les années passées à tourner procurent d’excellents crus. En dix-huit titres, Pearl Jam vous dézingue tout ce que vous pouvez entendre de bon et de puissant en ce moment. C’est de l’énergie en overdose, comme si la terre allait imploser demain, c’est de l’énergie en voltage incontrôlé et qui fait sauter tous les fusibles, c’est de l’énergie pure, pure et ensoleillée.
Ed Vedder nous tient à bout de voix, bestial et félin à la fois, tandis que Matt Cameron à la batterie et Jeff Ament à la basse font couler de vos enceintes une rythmique incendiaire façon chutes du Niagara en feu. C’est un déluge qui s’écoute, qui s’apprécie, se suce comme un bonbon brûlant.
Un excellent moyen de vous plonger dans la carrière d’un groupe qui aura marqué de son sceau les trois décennies passées. Hé oui, trois décennies, déjà…!