Americana

Décidément, les collaborations matrimoniales reviennent en force: depuis les Resonant Rogues jusqu’aux Danberrys, en passant par Annie & Rod Capps, Ida Mae et When Rivers Meet, on ne compte plus ces unions artistiques se conjuguant équitablement à la scène comme la ville (laissons de côté Watkins Family Hour, composé d’un simple duo frère-sœur). Il n’était que temps, après les scabreuses apologies du ménage à trois (Peter, Paul & Mary) et du mariage gay (Simon & Garfunkel), sans parler des parties fines (The Mamas & Papas)… Peach & Quiet consiste donc en ce couple légitime que constituent la chanteuse et guitariste Heather Read et son compagnon Jonny Miller (également vocaliste et gratteur de cordes), résidant sur Pender Island, à l’ouest de la Colombie Britannique. Si les jangling guitars du “Empty to Fill” d’ouverture et du “Seven Daffodils” conclusif renvoient à la facture d’un Roger McGuinn, “For My Love”, “Will You” et “There’s A Very Good Chance” en font autant avec celles de Graham Nash ou encore des Everly Brothers (harmonies vocales à l’appui), avant que la country ne prenne le relais pour “California Way”, (que Heather chante lead, comme le languide “Shoreline After A Storm”) et le délicat “Lucky in Love”. À deux titres près, cet album (leur tout premier ensemble) fut capté à Nashville, dans les studios de ce sorcier de Steve Dawson. Outre l’apport de sa clique de sidemen locaux, ce dernier ne se prive pas de contribuer aux arrangements avec son brillant jeu de picking et de pedal-steel (voire en maniant le glockenspiel, sur le précieux “Flowers Grow”). Une œuvre de folk-rock à l’ancienne, célébrant comme il se doit l’amour et la nature, et dont la production (à l’image de son savoureux artwork) restitue fidèlement la moindre nuance.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 9th 2020

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