Paul Thorn, c’est déjà une voix reconnaissable entre mille, avec ce grain particulier qu’ont ceux qui ont beaucoup bu et beaucoup fumé, avec ce côté éraillé qui fait frissonner, qui transforme l’autoroute de l’organe vocal en chemin de montagne caillouteux. Une voix dans laquelle se mélange la puissance de la bête de scène et la tendresse du poète.

 

Mais Paul Thorn c’est aussi une présence, celle d’un fauve indomptable lorsqu’il est sur scène, comme sur le double ‘live’ proposé avec ‘So Far SO Good’: un DVD de 17 titres et un CD de 16 titres qui démontrent que lorsque Paul donne, il donne, et sans compter. Bien entendu vous aurez droit sur de double ‘live’ aux incontournables, comme ‘Heart With 4 Wheel Drive’, au rythme toujours aussi prenant, ou le très punchy ‘Burn Down The Trailer Park’ qui rappelle que le Paul a été boxeur et que le punch est l’un de ses coups favoris.

Mais l’athlète sait offrir sans retenue le verso de sa personnalité, celle d’un homme au cœur gros comme ça, tendre et touchant, comme sur ‘Mood Ring’. Une double facette que l’on retrouve dans son dernier opus, ‘A Long Way From Tupelo’, dans lequel Paul Thorn affirme encore plus ses capacités de ‘performer’ tout en affinant son côté séducteur, poète. Une sorte de dandy, mélange de Bryan Ferry et de Calvin Russell, une personnalité dense et riche à la fois que sut apprécier Miles Copeland lorsqu’il croisa sa route, pour ensuite lui faire enregistrer son premier album, ‘Hammer & Nail’, un album au style perforant, aussi percutant que le marteau qui frappe sur le clou.

 

En studio, Paul Thorn dégage cette même puissance que sur scène, mais en plus canalisée, comme si dans la vie de l’ex-boxeur il y avait deux rings où prouver son talent, en studio et sur scène. Côté studio, sur ‘A Long Way From Tupelo’, la force est maîtrisée et les titres les plus punchy vous frappent au foie, mais sans jamais vous mettre KO, histoire de vous faire profiter de la suite du combat et des douze chansons proposées, comme ces quelques chansons d’amour au rythme lent dans laquelle la voix rauque et puissante de Paul Thorn vous collera des frissons.

 

Un disque que vous ne rangerez pas de si tôt.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer