Blues, Chanson française

Vu le titre de l’album, on ne reprochera plus à l’artiste de vivre dans sa bulle. Au contraire, serais-je tenté d’écrire. Les onze nouvelles chansons de Paul PERSONNE en sont les preuves sonores, tant au niveau des textes qu’au niveau des notes qui les accompagnent. C’est lui-même qui, lors d’interviews précédents, s’est souvent assimilé à un funambule qui tenterait des choses, en équilibre instable, sur un fil. Et aussitôt le parallèle avec ce qu’est la vie de tout un chacun saute aux yeux. On essaie tous, plus ou moins, de rester sur le fil où l’on se trouve depuis notre naissance, de s’y tenir le plus dignement possible tout en sachant que l’on peut tomber à tout instant et que cela s’arrêtera au bout du compte… Les textes sont incisifs, les soli de sa guitare Gibson SG sont terribles et les riffs sont à couper au couteau. Il y a comme une urgence qui pointe derrière chaque verbe et chaque accord, mais cela n’empêche d’ailleurs pas Paulo de la jouer soft. Pas de résignation, mais plutôt une certaine forme de sagesse, de hauteur de vue, depuis son fil, là-haut, dans le ciel, sur lequel il se tient en équilibre.
Paul PERSONNE joue bluesy, pas hard rockeur ou métalleux (et cela n’est pas péjoratif), chacun s’exprimant avec sa propre sensibilité, et Paulo est impossible à concurrencer dans ce registre qui lui colle aux doigts depuis quelques décennies déjà. Le mec a le blues dans le sang, dans le coeur, dans les tripes et dans son âme. Bluesy PERSONNE joue de la guitare comme possédé par l’instrument. Son jeu fait parfois penser tantôt à la guitare de Carlos Santana, tantôt à celle de Robby Krieger. Côté compos, certaines touchent au sublime: “Les Mêmes” est un morceau aussi beau que “Riders On The Storm” des Doors, c’est dire combien cet opus va vous filer une énorme baffe. Même le clavier est tenu de manière aussi subtile que celui de Ray Manzarek. Inutile donc d’en dire plus sur la qualité de ce nouvel album de ce bon Paulo qui va se placer dans les grands, très grands opus de 2019, dans la série des Indispensables. Les musiciens sont tous fabuleux: Guillaume Destarac à la batterie, Christophe Garreau à la basse, Mike Lattrell aux claviers et Olivier Lannelec aux arrangements cordes et cuivres et au Fender Rhodes ainsi qu’à l’orgue Hammond, lui aussi. Un album comme éclairé par une lumière toute particulière qui rassure et apaise. Du très GRAND Paul Personne!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, May 17th 2019