Paul Péchenart – Mon Coin De Ciel

JUSTE UNE TRACE
Rock
Paul Péchenart - Mon Coin de Ciel

Paul Péchenart…? Je suis certain qu’en votre qualité d’indécrottable esthète et de pourvoyeur d’une certaine idée du rock, à la fois pur et sans concession, ce nom ne vous est pas inconnu et qu’il génère en vous une multitude de souvenirs plus savoureux les uns que les autres. Des flashbacks enfouis à jamais au plus profond de votre subconscient, ultime rempart à une éventuelle léthargie musicale, sournoisement embusquée tel un flic des stups dans un no man’s land périphérique et prête à vous donner l’irrévocable coup de grâce. En effet, Paul Péchenart, guitariste-chanteur-auteur-compositeur et même écrivain – Une Grosse Boule De Feu (éditions Camion Blanc), est un artiste pluridisciplinaire, fatalement voué jusqu’au plus profond de ses entrailles au rock’n’roll, à ses excès et à ses démesures, puisqu’il fût en 1973, membre-fondateur des Dogs de Rouen en compagnie de l’incontournable et regretté Dominique Laboubée, du non-moins regretté Michel Gross (batterie) et de François “Zox” Camuzeaux (basse), avant de rejoindre en 1975 Larry Martin Factory, suite à des divergences d’orientation.
A noter que Paul, authentique guitariste de rock par excellence, subtil et sauvage, inventif et sobre, retournera pour un certain temps au sein de la meute de chiens enragés normands, juste après la sortie de l’album le plus controversé et le plus chiadé des Dogs, More More More, de 1986. Un opus enregistré avec l’équipe d’Elvis Costello et sous la houlette de Bob Andrews et Colin Fairley. Excusez du peu! Indubitablement, Paul Péchenart avait l’ADN, le dénominateur commun et la philosophie pour jouer au sein des Dogs. Son électroencéphalogramme marquait le tempo de Charlie Was A Good Boy et son électrocardiogramme devenait subitement incontrôlable au rythme de Walking Shadows. Car à l’instar de Laboubée, Péchenart est un guitariste hors pair, aux antipodes du guitariste bavard et narcissique, un guitariste qui privilégie sempiternellement la note juste, la note qui fera mouche et qui touchera sa cible en plein cœur, sans en faire des tonnes et sans se masturber avec son instrument, tel un adolescent acnéique singeant Jimi Hendrix ou Ritchie Blackmore avec sa raquette de tennis devant le miroir de l’indestructible armoire normande. Bien évidemment, on notera les multiples influences, allant des Stooges aux Who, en passant par les Stones et les Kinks. Sans oublier ce bon vieux blues, puisque Paul accompagnera des pointures du style, comme Champion Jack Dupree, Luther Allison, Hubert Sumlin ou Screamin’ Jay Hawkins…
Paul Péchenart revient sans crier gare, sans tambours ni trompettes et sans déclencher l’arsenal médiatique, avec son 7ème album intitulé Mon Coin De Ciel, publié sur le label Juste Une Trace. Cet opus fait suite à Ce Que Tanguer Veut Dire, en 2021, toujours sur le même label. Pour être au parfum de l’actualité ininterrompue et débordante de Paul Péchenart, il faut se décarcasser, ouvrir grand ses quinquets et ses esgourdes, car hélas, vous ne verrez jamais l’ex Dogs invité par Nagui dans un Taratata d’anthologie ou donner la réplique au trublion Hanouna et ses chroniqueurs galvaudés, le petit doigt sur la couture du pantalon, toujours prompts à se gausser sur commande au moindre calembour de sa majesté. Comme à l’accoutumée, Paul distille un rock teinté de nostalgie et de mélancolie, à la poésie urbaine de haute volée, dont la tendresse, le désarroi, l’étonnante lucidité, entre Bashung et Miossec, ne laisse pas indifférent. Lorsqu’on écoute Paul Péchenart, on ne ressort jamais indemne émotionnellement, de ce déluge de mots métaphoriques et autobiographiques, des mots comme tout droit sortis d’une œuvre transgénérationnelle de Charles Baudelaire, Verlaine ou Mallarmé. Paul Péchenart s’adresse à l’auditeur en mettant son cœur sanguinolant et ses tripes sur la table. Il se met à nu, à poil, ne triche pas. De son physique frêle et son aspect fragile, tel le roseau qui plie mais ne rompt pas sous les sarcasmes de la vie, Paul chante à qui veut bien l’entendre, l’amour en pointillés de 5 à 7, les jours sans soleil et les nuits sans lune, la ville noyée sous le bitume, le mercure en dessous de zéro et le froid de canard qui ne fait pas de cadeau pour ceux qui ne sont pas sur le bon chemin, ou l’errant abandonné comme un chien au fond d’un bistrot et qui ne sait plus sur quel pied danser… mais qui, cependant, verra encore et toujours le soleil se lever, même s’il a dormi sur un banc public, engoncé dans sa veste maculée de mille badges ou blotti dans son vieux Perfecto au cuir fatigué. D’une voix gorgée de tendresse, de douceur et d’amour, mais avec une évidente crédibilité et une sensibilité rare. Cette voix à la fois fragile et sublime, qui n’est pas sans rappeler celle d’Hervé Cristiani (comme Max, Paul Péchenart est toujours libre et ne se laisse pas étourdir par les néons des manèges) ou de Christophe (Le Beau Bizarre – Le Dernier des Bevilacqua), ou encore le Bashung de sa collaboration avec Jean Fauque ou Rodolphe Burger, plutôt qu’avec Boris Bergman, voire même Dominique Laboubée.  Effectivement, on est à des kilomètres du chanteur à la voix de stentor, parfois de crécelle à faire saigner les tympans, bodybuildé, liposucé, la chemise ouverte sur un torse velu avec des kilos de chaine en or de chez Van Cleef & Arpels… Ce nouvel album de Paul Péchenart enregistré chez Accès Digital à Rouen est une brillante réussite, musicalement, vocalement, avec des poèmes-rock à foison et un feeling au zénith. Paul Péchenart est entouré par un groupe de premier ordre: Paul Péchenart Junior (le fiston) aux guitares, chœurs, percussions et piano (les chiens ne font pas des chats, qui plus est pour un ancien Dogs), de Esteban Avellan à la basse et à la guitare, et de Théo Bertou à la batterie et aux percussions, tous plus remarquables les uns que les autres. Alors si vous êtes  nostalgiques des premiers balbutiements et des premiers aboiements des Dogs du côté de Rouen – Mont-Saint-Aignan, si vous aimez voyager léger, mais la tête pleine de rêves chimériques, si pour vous le soleil ne veut plus se lever et la pluie ne veut plus s’arrêter de tomber, entre latitude, longitude et solitude, mais toujours avec la lumière qui scintille de mille feux au bout du tunnel, cet album de Paul Péchenart, qui sait bien évidemment ce que tanguer veut dire (tanguer dans tous les sens du terme, propre, noble et figuré), cet album, disais-je, est pour vous, afin que vous découvriez au plus vite son petit coin de ciel. INDISPENSABLE et STRATOSPHERIQUE!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, November 20th 2023

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Tracklisting:
De 5 à 7
Dis-moi
Il y a des jours
Voyager léger
En stéréo et en couleurs
Impossible de t’oublier
Sur le coup de midi
Parallèle
Mon coin de ciel
Plus léger que l’air
Un été invincible

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