Livre

Partant du postulat qu’il ne faut pas attendre que Macca nous quitte pour prendre la pleine mesure de ce qu’il a semé, François Plassat nous livre une bible joliment charpentée (section carrée et fourreau cartonné) sur le plus structurant des ex-Beatles. L’iconographie, qui suit une logique non intégriste, met non seulement en exergue des labels d’origines multiples, mais également des collages numériques pleine page, fan zones dont la lecture du descriptif nécessitera une loupe pour les presbytes… voire un microscope pour les casse-couilles. Mais l’auteur, collaborateur des bookzines rétrophiles Muziq et Schnock, deux cautions pour une même prose virtuose (on relèvera juste une inversion de mots en quelques 200 pages), vaut surtout par ses mots. Qui nous transportent de Please Please Me (1963), pop aimable enregistrée en 24 heures chrono, à Let It Be (1970), faire-part de décès d’un groupe en proie aux luttes intestines. La prise d’ascendant de Paul McCartney, catalyseur des énergies sur Revolver (1966) puis initiateur enthousiaste du baroque Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967), est très finement décortiquée. Tout comme la gestion parfois paresseuse de son capital dans sa carrière avec les Wings et en solo: aussi, le single “Live And Let Die”, à la chronique imbriquée dans celle de l’album Red Rose Speedway (1973), se présente-t-il comme un îlot salvateur dans un océan d’auto-complaisance, d’énergie contenue et de chutes de tension.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, November 22nd 2019

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