PAUL JOST – Simple Life

JammincolorS
Jazz

À part Iggy, Phil Collins et Peter Gabriel (oui, celui-ci aussi), vous en connaissez beaucoup, vous des batteurs ayant connu davantage de succès devant un micro que derrière des fûts ? Don Henley, Ringo Starr et Levon Helm demeurent à cet égard des cas à part, puisqu’ils continuaient d’officier aux baguettes tout en vocalisant… Ceci posé, Paul JOST s’avère un phénomène en soi, puisqu’il aligna des décennies de sessions en tant que jazz drummer, avant de se révéler lead singer de premier rang il y a cinq ans à peine, avec son premier album en tant que tel (le bien intitulé “Breaking Through”). Son successeur ci-devant confirme s’il était besoin l’indéniable aisance et le talent de ce sémillant sexagénaire. S’ouvrant sur une cover effrénée du “Blackird” de Paul McCartney, cet album révèle, outre le scat aussi véloce qu’inspiré de son leader, la brochette de tueurs dont il s’entoure : depuis le batteur Tim Horner jusqu’au vibraphoniste Joe Locke, les claviers de Jim Ridl et la contrebasse de Dean Johnson prodiguent le background tour à tour lounge et débridé que le contexte suggère. On songe à Al Jarreau, Ben Sidran et Mark Murphy (que Paul accompagna un temps), mais si Mr JOST mérite désormais sa place auprès de ces géants, c’est en tant qu’artiste à part entière, et non en tant que vulgaire plagiaire. S’il en fallait présenter des gages, notre homme se fend également de parties d’harmonica aussi subtiles que swingantes, tout en assurant celles de guitare. Sa version du “Caravan” du Duke (sur laquelle Locke et Ridl se défoncent littéralement) en accentue le brazilian beat, par la grâce d’une rythmique à décorner Elvin Jones. Qu’il adapte Fred Neil (“Everybody’s Talkin'”, dont la version par Nilsson pour le film “Macadam Cowboy” fit le standard que l’on sait), Dylan (“Girl From The North Country”), les Beatles (“With A Little Help From My Friend”) ou Sonny Rollins (“No Moe”), Paul JOST s’en approprie les thêmes en jazz swinger consommé, pour en restituer des versions hautement revivifiées. Les deux originaux dont il nous gratifie ne déparent en rien cette nouvelle et remarquable collection.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 19th 2019