Paul Collins – Feel The Noise

Alive/Differ-ant
Rock

Power pop. Un peu de généalogie, si vous voulez. 1971, toute l’Amérique est occupée. Les ors moirés de la british-invasion ont cédé le pas à des mastodontes genre Grand Funk, et tandis que les derniers tenants décents des juke-boxes (Creedence, Byrds, Doors) mordent la poussière, dans quelques banlieues reculées, une poignée de post-ados redécouvrent la collection de LPs de leurs grandes soeurs. Précurseurs malheureux, Big Star, Blue Ash (avec Frank Secich) et Dwight Twiley essuieront les plâtres…et l’échec consécutif. Autres losers désignés, les Flamin’ Groovies seconde période grimperont à leur tour dans ce wagon sans retour (accouchant au passage de l’une des ultimes cathédrales du genre, “Shake Some Action”). Trop vite, trop tôt, ces apôtres d’une pop millésimée et survitaminée manqueront se faire doubler dans le tunnel par des cadets aux dents aussi acérées que les Nerves. Ce trio de la côte ouest comptait pas moins de trois surdoués: Jack Lee (qui décrochera la timbale quand Blondie platinera son “Hangin’ On The Telephone”), Peter Case (qui signera ensuite ses Plimsouls chez Geffen) et Paul Collins. Drummer par défaut, ce dernier montera sa propre formation, le Beat. Comme un batteur qui chante, ça fait décidément trop Genesis, Paulo s’y remettra à la guitare. Après une demi-douzaine d’albums à l’orée des 80’s et une relative traversée du désert, le voici de retour comme si de rien n’était. Tel un John Felice en goguette, il pastiche le “Peggy Sue” de Buddy Holly (“Baby I’m In Love With You”), customise le “Reach Out I’ll Be There” des Four Tops façon “London Calling”, et se permet même d’affubler le “With A Girl Like You” des Troggs d’autres lyrics et mélodie (Ben alors, on peut même plus parler de cover? Eh non, Léon). Et livre en bout de piste le parfait disque de morveux que promet sa tronche sur la pochette – une photo d’il y a trente ans pour une musique d’il y en a quarante. Un problème, quelqu’un?

Patrick Dallongeville
Paris-Move

Paul Collins