Rock

Même s’il a offert plus que son lot de matière à bisquer, le rock français (cet oxymore dont se gaussait Lennon en son temps) semble comme orphelin depuis que la figure tutélaire de Johnny a quitté le building. Et Coutin, qui produisit les Wampas et Dick Rivers (après avoir livré le blueprint du “Peaches” des Stranglers, à savoir l’hymne aux mateurs “J’Aime Regarder Les Filles”), en sait quelque chose: depuis les Dogs, Little Bob et les Variations, plus personne ici n’a vraiment osé vivre ce genre de fantasme au quotidien (et ne nous parlez pas de Téléphone, OK?). Cette combinaison de vécu et de rodomontade dont Muddy Waters, Bo Diddley, Creedence, Dylan et les Stones demeurent les parangons afro-anglo-saxons. Et si l’on reconnaît l’adolescence à sa propension à prendre ses désirs pour des réalités, alors Coutin est sans doute l’un des plus vieux teenagers de la planète. Jugez-en: il est carrément allé enregistrer cet album (son quatorzième) chez le guitariste borgne Mike Morgan (The Crawl, quelqu’un?), à Austin, Texas. Comme le firent Eddy et Johnny auparavant à Nashville, vous suivez? Et plutôt que de lui laisser la bride sur le cou, il y a collé le mors aux dents à rien moins qu’au guitariste et producteur David Grissom (Buddy Guy, Mellencamp, Joe Ely, Chris Isaak, Robben Ford…). Pour section rythmique, ce dernier lui a fourgué de la came de première, en la personne de Eric Holden (Shakira, The BoDeans, Serena Ryder) et Jarrod Jerrell Johnson (Boz Scaggs, John Mayer, Charlie Sexton…). Bien beau, tout ça, mais sans chansons, cela ne relèverait au mieux que de l’emballage. Et c’est précisément là que Patrick porte l’estocade, car il trimballe, outre une expérience chromée à toute épreuve, ce lyrisme du zinc qui distingue les boucaniers des lycéens. “La Star Du Comptoir” ravive ainsi autant le souvenir du “All Right Now” de Free que celui du “Boxon” de feu Higelin, tandis que la plage titulaire et “Quand Je Suis Loin De Vous” résonnent comme du Dylan backé par Ron Wood et Keith Richards (avant que ces derniers ne se soient respectivement métamorphosés en Buster Keaton, Lagaf’ et Sœur Emmanuelle). Les riffs et choruses de “La Nuit Est Là”, “Rien Que Pour Ses Yeux” et “À Part Ca, Tout Va Bien” ravivent les échos du AC/DC de “Highway To Hell”, tandis que le slow impromptu “Mon Bébé Par La Main” sonne comme un inédit de feu Christophe, et que le le proto-rockabilly “Comme Une Pierre Qui Roule” évoque Alan Vega circa “Juke-Box Baby”. Un nouvel album à prix Coutin: le genre d’offre spéciale qui ne se refuse pas. Yarol et Nono, chiche que vous le rejoigniez sur les planches? C’est sa tournée.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 23rd 2023

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En concert à la Bellevilloise le 21 mars 2023 (jour du printemps… et de son anniversaire!), avec Emilie Rambaud et Gilles Michel.
Adresse: 19-21 rue Boyer, 75020 Paris, France

Patrick Coutin – La ballade de Jesus Cat – (Official music video):

“Jésus Cat (Le chat de Jésus) est une jeune femme blonde fragile, timide, un peu perdue, solitaire, qui s’enfuit sur sa moto pour trouver autre chose que la vie de tous les jours. Elle est découvre la magie du désert, et comme Icare, elle s’envole vers l’espace. Une ballade rock sur la difficulté de vivre, avec en toile de fond la route et les guitares sensuelles de David Grissom”

Réalisateur: Patrick COUTIN a tourné les images de ce clip lors de son séjour à Austin, entre les séances de son nouvel album, comme un road trip à la Jack Kerouac, entre Austin, Sans Antonio, Corpus Christi et Houston.

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Recommandé par Frankie, rédacteur en chef de PARIS-MOVE, le bouquin “JIM MORRISON ET LES DOORS”, de… Patrick COUTIN.
A commander ICI