PARTY DOZEN – The Real Work

Temporary Residence Ltd / Modulor
Musique improvisée, No Wave
PARTY DOZEN - The Real Work

Oubliez les clichés et les convenances. Ce duo fille et gars de Sydney n’a en effet guère à voir avec les formules plus ou moins établies depuis The Kills, The White Stripes, Black Keys et autres Left Lane Cruiser. Tout d’abord, Kirsty Trickle éructe directement ses borborygmes fumasses DANS le pavillon de son saxophone, quand elle n’est pas tout bonnement occupée à en tirer des mélopées tour à tour free-jazz et prog-orientalisantes, dans l’esprit ancestral du Van Der Graaf Generator de David Jackson (“Earthly Times”). Si l’on discerne dans le drumming de son complice, Jonathan Boulet, un musicien aguerri auprès d’écoles fréquemment antagonistes, leur tandem n’en répugne pas moins à asséner des riffs aussi implacables que ceux de leurs quasi-contemporains des Morlocks (“Major Beef”, “Balance”), quitte à les saupoudrer d’une généreuse touche de psychédélisme gothique, façon Thee Oh Sees. Un peu comme si les Stooges de “L.A. Blues” (ce glissement de terrain qui clôturait en une irrépressible cacophonie “Fun House”, leur manifeste intemporel) avaient poursuivi leur dérapage incontrôlé en roue libre, “The Iron Boot” et “The Worker” balaient furieusement tout ce qu’ils trouvent sur leur passage. À preuve, le pourtant réputé assagi Nick Cave retrouve même ici les glapissements incantatoires qu’il jappait aux temps immémoriaux de The Birthday Party (“Macca The Mutt”). Comme si James Chance rejoignait Suicide pour une reprise motörik de Kraftwerk, “Fruits Of Labour” oscille ainsi entre la no wave façon Theoretical Girls et l’Alex Harvey Band reptilien de “Faith Healer”, tandis que le riff industriel de “The Big Quit” résonne comme la flatulence titanesque d’un King Kong qui aurait englouti les stocks d’une conserverie alsacienne (tessons de verre inclus). Ultime provocation, le “Risky Behaviour” conclusif donne à ouïr le fantôme vénéneux des Moody Blues de “Nights In White Satin” conservé dans le formol. Aussi abrasif que radical, le disque idéal pour rendre chèvres vos parents et vos voisins (voire, vos conjoints, enfants et animaux domestiques aussi).

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 27th 2022

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