Papa Legba – Papa Legba

Elliot Music / téléchargeable sur: Believe et iTunes
Rock
Y’a des groupes qui, comme ça, s’imposent de suite à l’oreille, dès la première écoute. Sirène de police, voix féminine dans une radio qui grésille, guitare qui aligne les notes sur fond de charleston, basse hallucinante qui redéfinit le tempo après un mini-break, rien à dire, cela vous cloue sur le siège et vous laissez filer l’album comme un film d’action qui vous captive. Et rien que le titre du premier morceau, ‘Dancing On The Earth’, vous laisse augurer de la suite. Ca s’coue, ça balance, avec des changements d’intensité et de tempo qui rappellent la construction de grands morceaux des 70’s pondus par les Iron Butterfly ou Cream.
 
Côté son, c’est poisseux quand il le faut, lourd quand nécessaire, perforant quand la bête se débat. Question d’instinct de survie poussé à fond et qui donne une étonnante dimension à des titres comme ‘The Beast’ et ‘Last Of Mohicans’, avec son rythme lourd et chamanique.
 
Papa Legba, c’est le fruit d’un rencontre en avril 2008 de deux binômes qui s’avèrent immédiatement complémentaires, avec d’un côté Tof et Landser, deux guitaristes issus de la scène blues-rock et qui se connaissent depuis des années, et de l’autre, deux frangins, les Cirade (Mato & Drumatik), issus du reggae et dont la complicité musicale et affective en fait une rythmique diaboliquement efficace, une colonne vertébrale aussi solide qu’un roc et qui permet aux deux gratteux que sont Tof et Landser de s’imposer superbement.
 
Enregistré par les frères Cirade aux studio RA, l’album vous propose une qualité de son digne des très grosses prods. Un album qui sonne entre le live et l’enregistrement studio tant le tout ressemble à une grosse bourrasque qui vous met le salon sens dessus-desous. Du coup, je lui dirai bien de ne rien changer au Papa et qu’il nous reste tel que, avec ce brin de folie qui fait de ce coup d’essai un coup de maître.
 
A preuve, avec ‘Lies To Forget, Secrets To Know’, on replonge direct dans le rock des 70’s, avec voix superposées, rythmique carrée et sans fioritures, tandis que sur ‘Whirling Dervish’ on démarre avec une intro plutôt style rock progressif que n’aurait pas reniée Genesis, avec guitare légère et vaporeuse sur laquelle la basse se glisse, s’impose, discrète et hyper-présente à la fois. Dommage que cette intro ne se soit pas transformée en longue première partie, style Genesis, mais bon, je frôle là l’exigence absolue, et faut bien que le groupe en garde sous la semelle pour un second opus.
 
Un groupe dont les compos (tous les titres sont signés Tof & Landser) laissent également à penser que les mecs ont tout pour être de vraies bêtes de scène et l’on se prend à imaginer une salle, un stade entier reprenant en cœur les ‘Bye Bye’ du second titre, dans le plus pur style des marées humaines qui convergent vers les Bon Jovi, avec ensuite ce solo de gratte qui vous assassine, vous relance la mécanique après avoir fait monter la température dans le rouge. J’imagine ‘Bye Bye’ repris en cœur par plus de 10.000 poitrines,… Putain de frisson.
 
Papa Legba