Pannonica – A Tribute To Pannonica

Cristal Records
Jazz

On peut détester la famille Rothschild qui est à l’origine de la politique économique désastreuse de la communauté européenne qui appauvrit et précarise les peuples, pour autant, il en est une, issue de cette famille de banquiers-vautours, qui est à saluer et à remercier, je veux citer ici Pannonica.
La baronne Pannonica de Koenigswarter, dite Nica de Koenigswarter, était en effet née Rothschild le 10 décembre 1913, mais elle eut le bonheur d’être une fine mélomane, appréciant notamment beaucoup le jazz bebop, dont elle fut la bienfaitrice et la mécène dans les années 1950-60. Femme au charisme et à l’ouverture d’esprit exceptionnels, elle fut non seulement mécène, mais également l’amie et la confidente des plus grands jazzmen des 50’s et 60’s, comme le batteur Art Blakey, par exemple.
Fille de Charles Rothschild, c’est lui, chasseur de papillons à ses heures perdues, qui, en découvrant une espèce inconnue dans une région d’Europe centrale appelée dans les temps anciens “Pannonie”, décida d’en donner le nom au papillon et à sa fille. Un épisode qui sans nul doute fut le premier signe de la femme unique et de la personnalité d’exception que deviendra Pannonica.
Jeune femme d’une aussi grande beauté que le fameux papillon découvert par son père, elle tombera amoureuse en 1935 d’un jeune militaire français, le baron Jules de Koenigswarter. Belle et passionnée, d’une intelligence rare, Pannonica contribuera à l’émancipation des femmes par sa façon de vivre avec une insolente liberté qui, à l’époque, alimenta souvent les colonnes de la presse à scandale.
Pilote d’avion engagée en 1940 dans les Forces Françaises Libres, Pannonica va convoyer du matériel médical à bord d’un vieux cargo attaqué à plusieurs reprises par des U-Boat. Elle retrouvera son mari en Afrique équatoriale, où elle servira comme chauffeur militaire et commentateur sur Radio Brazzaville. La guerre terminée, la vie de femme d’ambassadeur ne lui conviendra pas.
En effet, installée à New York, Nica ne faisait rien pour être une bonne épouse de diplomate: elle détestait les réceptions, fumait des joints et allait écouter des jazzmen dans les endroits rejetés par “les blancs”, passionnée qu’elle était par cette musique. Exclue de la famille Rothschild, qui lui coupera les vivres (ce qui n’est, avec le recul que nous avons à ce jour, pas surprenant de la part de ces banquiers sans scrupules), elle pourra toutefois s’acheter une maison sur les rives du New Jersey, avec vue panoramique sur Manhattan, et entretenir environ 122 chats…
A 39 ans elle se lance avec passion dans cette nouvelle vie, inédite, et sera l’amie de Duke Ellington, Charlie Parker (qui mourut dans son appartement), Lionel Hampton, Bud Powell, Coleman Hawkins, Sun Ra, Miles Davis, Thelonious Monk… Tous trouveront chez elle un refuge et une amitié sans failles.
Femme libérée avant l’heure, femme de passion et sans concession, femme de combat, Pannonica décèdera le 30 novembre 1988, laissant un énorme vide derrière elle.
Thelonious Monk écrivit pour elle la superbe composition “Pannonica”, mais on la retrouve également dans le très subtil “Nica’s tempo” de Gigi Gryce, “Blues for Nica” de Kenny Drew, “Tonica” de Kenny Dorham, “Thelonica” de Tommy Flanagan, “Nica” de Sonny Clark ou encore le célèbre “Nica’s dream” d’Horace Silver.

Cristal Records sortira ce 19 octobre un coffret exceptionnel: “Pannonica, A Tribute To Pannonica”, un document inédit de 20 pages écrites par Yann Portail en français et en anglais, avec 2 CD sur lesquels on retrouve la voix de Pannonica présentant certains titres de ces amis… Art Blakey Thelonious Monk, The Originals Jazz Messengers, Sonny Rollins, Kenny Dhoram et tant d’autres artistes que nous n’oublierons jamais pour tous ces trésors qui ont contribué à forger le chemin du jazz d’aujourd’hui.
Un document indispensable à tout amateur de l’histoire du jazz, et à toute personne amoureuse de belle musique et de belles histoires, car celle de Pannonica en est une.
Un coffret que nous pouvons même qualifier d’historique!
Sans aucun doute l’Indispensable de l’année 2018, et un des indispensables de cette décennie.

Thierry Docmac
Bayou Blue Radio – Paris-Move

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Un coffret à commander directement sur le site de Cristal Records, ICI

Tracklisting de “Pannonica – A Tribute To Pannonica”
1. Nica’s Tempo (Gigi Gryce) 6’29
Gigi Gryce (as), Percy Heath (b), Art Blakey (dm), Thelonious Monk (p)

2. Nica’s Dream (Horace Silver) 12’10
The Originals Jazz Messengers : Donald Byrd (tp), Hank Mobley (ts), Horace Silver (p), Doug Watkins (b), Art Blakey (dm)

3. Blues for Nica (Kenny Drew) 5’27
Kenny Drew (p), Paul Chambers (b), Philly Joe Jones (dm)

4. Pannonica (Thelonious Monk) 9’17
Sonny Rollins (ts), Ernie Henry (as), Thelonious Monk (celesta & p), Oscar Pettiford (b), Max Roach (dm)

5. Nica steps out (Freddie Redd) 4’30
Freddie Redd (p), George Tucker (b), All Dreares (dm)

6. Theme for Nica (Eddie Thompson) 5’20
Eddie Thompson (p), Arthur Watts (b), Andy White (dm)

7. Tonica (Kenny Dorham) 3’13
Kenny Dorham (tp), Charles Davis (bs), Steve Kuhn (p), Butch Warren (b), Buddy Enlow (dm)

8. Nica (Sonny Clark) 6’25
Sonny Clark (p), George Duvivier (b), Max Roach (dm)

9. Nica’s Dream (Horace Silver) 6’48
The Horace Silver Quintet: Blue Mitchell (tp), Junior Cook (ts), Horace Silver p), Gene Taylor (b), Roy Brooks (dm)

10. Nicaragua (Barry Harris) 8’59
Pepper Adams (bs), Junior Cook (ts), Slide Hampton (tb), Barry Harris (p), Bob Cranshaw (b), Lenny McBrowne (dm)

Durée totale: 68’

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Notre recommendation: l’ouvrage “Les Musiciens de jazz et leurs trois vœux: Propos recueillis et photographies”, de Pannonica de Koenigswarter (Paris, Buchet/Chastel Meta-Editions, 2006, 318 pages – ISBN 2-283-02038-7)

Pour réaliser cet ouvrage, Pannonica posa à 300 jazzmen cette même question: “Si on t’accordait trois vœux qui devaient se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu?”
Leurs réponses sont présentées dans ce livre superbement illustré par des photos prises par la baronne!
Un livre qui a reçu le “Prix du Livre de Jazz” décerné par l’Académie du jazz en 2006, et en 2007 ses photographies furent exposées aux Rencontres d’Arles.