Oz Noy, Ugonna Okegwo, Ray Marchica – Riverside

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Jazz
OZ NOY, UGONNA OKEGWO, RAY MARCHICA - Riverside

Avez vous remarqué que l’un des points communs entre le jazz, les mathématiques et la philosophie est que ces trois piliers majeurs de la civilisation moderne ont débuté avec des noms relativement aisés à épeler, pour aboutir quelques décennies (ou siècles) plus tard à des blases proprement à coucher dehors? De Socrate, Archimède et Louis Armstrong à Nietzsche, Kierkegaard, Alexander Grothendieck, Tadeusz Banachiewicz, Joe Zawinul, Miroslav Vitous et John Wojciechowski, on serait presque en droit de se demander si l’évolution de ces courants n’est pas dictée par la main invisible d’un joueur de Scrabble invétéré… Il n’est que de considérer les patronymes des trois protagonistes alignés ci-dessus pour confirmer cette théorie, mais ce n’est heureusement pas l’objet de cette chronique. Né en Israel, le guitariste Oz Noy débuta dès l’âge de treize ans au sein de formations blues, jazz et rock, avant d’y embrasser une carrière de musicien de studio prisé. Établi à New-York depuis 1996, il y enregistra en 2003 son premier album, “Oz Live” au légendaire club The Bitter End. Dix autres allaient suivre jusqu’en 2020, avec pour invités des pointures jazz, rock et blues telles que Mike Stern, Steve Lukather, Reese Wynans, Dave Weckl, Roscoe Beck, Joe Bonamassa, Eric Johnson, Allen Toussaint, Warren Haynes, Robben Ford, Fred Wesley et Dweezil Zappa… 2020, année lockdown s’il en fut. Dans l’impossibilité sanitaire de se produire (les clubs fermés), Oz Noy s’acoquina avec deux membres éminents de la scène new-yorkaise; le bassiste “in demand” Ugonna Okegwo (allons-y) et le batteur Ray Marchica, pour se produire en plein air, en trio et pour le fun, dans l’espace naturel urbain qui jouxte la rivière Hudson, le Riverside Park. En octobre dernier, après avoir essaimé un répertoire de standards sur lesquels ils improvisèrent des semaines durant devant un public croissant de badauds éberlués, nos trois comparses décidèrent d’en préserver la substantifique moelle, et entrèrent en studio pour y enregistrer ces onze titres en deux sessions. De Charlie Parker (dont ils reprennent trois titres emblématiques) à des standards tels le “All The Things You Are” de Jerome Kern et Oscar Hammerstein, “Have You Met Miss Jones” de Rodgers et Hart et “This Could Be the Start of Something Big” du mogul du “Tonight Show”, Steve Allen, Oz se fend d’un original (qui ne l’est guère) dans le registre shuffle blues, et notre trio conclut sur une version hautement énergisante du “Sunny” de Bobby Hebb. Retranscrivant la spontanéité de leurs prestations publiques, cet album prodigue souvent l’impression d’entendre Larry Coryell jammer avec Grant Green, Roy Buchanan, Danny Gatton, Wes Montgomery, Barney Kessel et Kenny Clarke. Et franchement ce n’est pas triste.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 21st 2022

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Oz Noy, Ugonna Okegwo, Ray Marchica – RIVERSIDE Album Interview:

Oz Noy, Ugonna Okegwo, Ray Marchica – All The Things You Are (audio video):