OWEN PALLETT – Island

Domino
Folk, Pop
OWEN PALLETT - Island

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, le Canadien Michael James Owen Pallett est un jeune quadragénaire multi-instrumentiste (piano, viole, violon, guitare, basse, synthés), doublé d’un compositeur et arrangeur de premier plan. S’étant longtemps dissimulé derrière des pseudonymes collectifs (Les Mouches) ou énigmatiques (Final Fantasy), il n’opère sous sa véritable identité que depuis dix ans, bien que sa discographie personnelle remonte à 2002. On n’en retrouve pas moins sa patte sur plus de 70 enregistrements d’artistes aussi divers que Grizzly Bear, Arcade Fire, Great Lake Swimmers, Fucked Up, Last Shadow Puppets, Beirut, Linkin Park, Taylor Swift, Hidden Cameras, Snow Patrol, Luxury Pond, Charlotte Gainsbourg, REM et Franz Ferdinand, sans parler de la B.O. du film “Her” de Spike Jonze (nominée aux Oscars)… De quoi poser un homme, dont la modestie et la discrétion n’en demeurent pas moins singulières en ces temps de célébration narcissique exacerbée. Pour son premier album personnel depuis 2014, il mêle ici compositions dépouillées, où il s’accompagne seul à la guitare acoustique ou au piano dans une veine parfois réminiscente de Nick Drake (tels les pétrifiants “Transformer”, “The Sound Of The Engines”, “Polar Vortex”, “Fire-Mare” ou “Lewis Gets Fucked Into Space”), arrangements dignes de Paul Williams et Lou Reisner (“Paragon Of Order”, “Perseverance Of The Saints”) et d’amples plages orchestrales où il est accompagné du London Contemporary Orchestra (l’étourdissant “A Bloody Morning”, ou encore le majestueux “In Darkness”, qui se clôt sur le poignant “you don’t need to die to be forgiven”). Enregistrées aux fameux Abbey Road studios londoniens, il émane de ces treize plages un fragile équilibre entre mélancolie et sérénité, dont on ne trouve équivalence que sur de très rares autres œuvres (le “Rock Bottom” de Robert Wyatt, au hasard). John Barry, les Tindersticks et Brian Eno sont dans un bateau, mais personne ne tombe à l’eau: cet album est un miracle.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 6th 2020

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Owen Pallett est à retrouver sur le site du label Domino, ICI