| Jazz |
Né dans le Bronx en 1954 de parents immigrés Porto-Ricains, le pianiste Oscar Hernàndez était le cadet d’une famille de onze enfants. Ayant grandi dans un contexte culturel latino dont les héros musicaux avaient pour noms Tito Puente, Tito Rodriguez et Willie Colon, il fut exposé tout jeune aux prestations de Ray Barretto et Eddie Palmieri, qui se produisaient dans les clubs de la Grosse Pomme. Il débuta par l’apprentissage de la trompette, avant de se tourner vers celui du piano, au contact de musiciens locaux qui lui en transmirent les rudiments. Après ses débuts au sein de modestes formations locales telles que Joey Pastrana & La Conquistadora, il fut engagé par Ismael Miranda, puis par Ray Barretto himself, avant d’être débauché par Ruben Blades. S’étant produit des années durant en sideman de pointures telles que Tito Puente, Celia Cruz, Willie Colon, Oscar De’Leon et même Julio Iglesias, Hernàndez forma en 2002 le Spanish Harlem Orchestra, à la tête duquel il reçut en 2003 et 2005 les Grammy Awards d’album salsa de l’année. Engagé ensuite par Paul Simon pour produire et arranger le livret de la comédie musicale “The Capeman” (et par Gloria Estefan pour celui de “On Your Feet”), son piano figure également sur nombre de B.O. de films, documentaires et séries TV (dont celle de la fameuse ‘Sex & The City”). Parallèlement à ses engagements new-yorkais, cet incorrigible hyper-actif dirige également depuis 2016 l’ensemble californien Alma Libre, avec lequel il a déjà enregistré deux albums (“The Art Of Latin Jazz” en 2019, et “Love The Moment” l’année suivante), et c’est sur son propre label qu’il propose à présent leur troisième effort. Enregistré live aux studios Tritone de Glendale durant le confinement sanitaire (les 6 et 7 mai derniers), ce dernier propose un festival de latin rhythms, au fil desquels son quintette piano-cuivres-flûte-percussions-basse-batterie accueille pour guests le trompettiste Aaron Janik, le vibraphoniste Joe Locke et le timbalero Luisito Quintero. Ce combo, plus restreint que celui du Spanish Harlem Orchestra (comprenant pour sa part pas moins de treize membres), n’en dispense pas moins une richesse instrumentale où cuivres, congas, timbales et bongos se distinguent à loisir autour des claviers du leader, dont les choruses éblouissent souvent ici (“Ritmo Pa’ Ti”, “Dona Provi”, “Tributo Al Son” ou “Chick Forever”, en hommage à Chick Corea). Dans la veine de Celia Cruz, Ray Barreto et Eddie Palmieri (mais aussi, dans une moindre mesure, celles de Herbie Hancock et Horace Silver sur “Make The Move”, “Spring” et “Virtually Here), l’art d’Oscar Hernàndez perpétue brillamment le sillon prolixe d’un latin jazz aussi débridé que résolument ancré dans ce qu’il convient désormais de considérer comme une tradition.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, December 31st 2021
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Oscar Hernández & Alma Libre III ” Visión” Promo Video: