OMAR EL SHARIYI – Oriental Music

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OMAR EL SHARIYI - Oriental Music

Aux tympans du néophyte, cette réédition pourra certes revêtir le caractère désuètement cocasse d’enregistrements de Charlie Oleg, interprétant en versions strictement instrumentales les grands succès de Boby Lapointe et Dario Moreno. Voire, d’une uchronie où Jean-Michel Jarre se serait inopinément trouvé réduit à animer des thés dansants le dimanche après-midi dans les Ehpads de Constantine… Mais pour les authentiques exégètes des musiques populaires arabes contemporaines, ce skeud n’en fait pas moins figure de Graal. Pour comprendre (voire, combler) un tel fossé culturel, il faut saisir le vertige qui étreignit un jour le mécréant que je demeure quand, attablé dans un restau-couscous de Marseille, je me pris de plein fouet une B.O. d’Abdelhalim Hafedh (dit “le rossignol du Caire”) pour un de ces films d’exploitation dont l’industrie égyptienne abreuve le Maghreb depuis des décennies. Car pour les myriades prolétaires des pays arabes, l’Égypte, c’est Bollywood, Nashville et Munich roulés en falafel, point barre et basta. À côté de Oum Kalsoum, Farid El Atrache et Mohamed Abdel Warab, Johnny Hallyday, Clo-Clo et Mike Brant, là-bas, c’est peanuts, et même Elvis et Michael Jackson, en termes d’imprégnation populaire, c’est rogatons et litière pour chat. Contre l’avis de sa famille de hauts dignitaires, l’érudit (et non-voyant) Omar El Shariyi entreprit une carrière musicale au mitan des seventies, mais en dépit des commandes alimentaires de la filière audio-visuelle (qui lui fit des ponts d’or), la postérité de son œuvre lui rend désormais justice. Que les arrangements évoquent ici parfois une version cheap du “Bolero” de Ravel (ou encore des rebuts d’Ennio Morricone, quand celui-ci se serait trouvé détenu par les Brigades Rouges) n’a finalement guère d’importance. Après deux ou trois écoutes successives, ces adaptations de standards de Mohamed Abdel Warab (dont le “Ahwak” popularisé par la grande Fairuz) exhalent les capiteux parfums des ruelles de toutes les casbahs. On comprend alors ce que cet assemblage de cordes proto-synthétiques, de Farfisa bricolé et de percus ondulatoires nous édictent depuis le début: “l’Orient, mon vieux Robert”, comme l’énonçait si pertinemment Guy Bedos… Pour le touriste lambda, l’accompagnement sonore idéal à la dégustation d’un bon vieil OSS 117.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 25th 2020

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OMAR EL SHARIYI – Oriental Music: First released on Soutelphan in 1976, is reissued by Wewantsounds on vinyl for the first time ever!

Fans de vinyles, voici donc pour vous: Omar El Shariyi (Ammar El Sherei) – Oriental Music LP Special Edition (black vinyl): ICI