BD

Les lecteurs qui débarquent à l’improviste au tome 3 de cette série vont-ils retrouver Omaha bitch? Rien n’est moins sûr. Car l’influence de la scénariste Kate Worley sur son dessinateur de mari Reed Waller se fait plus prégnante: moins de fornication pour plus de critique du rêve américain, probablement appelé ainsi parce qu’il faut être endormi pour y croire. Succédané du Fritz The Cat de Robert Crumb (1965), Omaha The Cat Dancer défraie la chronique dans les années 1980, avant de décrocher le prix Will Eisner 1991 de la meilleure série en noir et blanc et du meilleur auteur. Et d’influencer les chefs-d’œuvre de la BD zoomorphique adulte que sont Blacksad (Juanjo Guarnido) pour les intrigues à tiroir et Max & Nina (Rémi “Ben Radis” Bernardi) pour les tranches de vie sur l’amour. Dans ce nouveau feuilleton post-révolution sexuelle, le destin de la chatte strip-teaseuse Omaha croise celui d’une jeunesse bigarrée et progressiste, de Chuck l’amant tourmenté à Shelly la confidente handicapée, sur fond de machination ourdie par un groupe de conservateurs. Si la parution de l’intégrale des 1.000 pages en quatre volumes, initialement échelonnée sur 2016-2017, a pris du retard, on ne peut que se réjouir de la nouvelle livrée “art nouveau” (par rapport à celle, désensualisée, des Editions du Balcon) et du respect de l’intégrité des planches en noir et blanc. Rendez-vous est officiellement pris le 14 janvier 2020 pour la sortie de l’ultime tome.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, December 2nd 2019