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Quand la haute-fidélité devient hostilité: l’expérience manquée d’Ola Onabulé.
Je m’installe, casque sur les oreilles, prêt à savourer une nouvelle session d’Ola Onabulé. Trois notes à peine, et pourtant, mes oreilles frémissent d’un inconfort inattendu. Connu pour ses collaborations brillantes avec le WDR Big Band, Onabulé déploie ici une virtuosité incontestable, mais le son lui-même semble lutter contre l’artiste. Même prévenu, je ne peux m’empêcher de me demander: que faisait un chanteur de cette envergure dans une telle expérience sonore?
Le procédé choisi pour l’enregistrement n’est pas inédit, mais il s’éloigne radicalement des méthodes classiques du jazz. Inspiré par les techniques d’enregistrement de la musique classique, le projet visait une capture directe, non traitée, en Dolby Atmos, utilisant les formats DXD et DSD pour atteindre la résolution la plus élevée possible. Les musiciens jouent sans amplification, sans casque, dans un espace acoustique unique, favorisant interaction et équilibre naturels. Jos Boerland, ingénieur du son de renommée aux Pays-Bas, spécialiste de l’audio immersif haute résolution, supervise les sessions.
«En gros, on joue sans filet», explique George Hazelrigg. «Aucun montage, aucune ingénierie du son. Personne n’est branché à quoi que ce soit. Tout est acoustique: batterie, chant, basse, tout. L’enregistrement est vraiment…»
Le paradoxe est cruel: la qualité du jeu et du chant est exceptionnelle, mais la technique choisie saborde l’expérience. La voix magnifique d’Onabulé et la précision des musiciens se retrouvent emprisonnées dans un espace sonore qui fatigue l’oreille. Les morceaux, pourtant bien choisis, perdent toute clarté et nuance. Même la sélection des microphones semble poser question, laissant penser qu’un ingénieur du son moyen aurait produit un résultat plus agréable à l’écoute.
Si vous souhaitez entendre Ola Onabulé dans des conditions respectueuses de sa voix, c’est ICI
Pour les Hazelrigg Brothers, leur son s’exprime pleinement ICI
Rien de tout cela ne ressemble à cet enregistrement, qui se voulait singulier mais compromet totalement le projet. À une époque où une console numérique de moins de 4.000$ peut produire une qualité digne des plus grands studios, cet album apparaît presque anachronique. Il ne sert ni les œuvres ni les artistes. La meilleure manière de profiter de leur talent reste, sans conteste, de les écouter en live.
Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News
PARIS-MOVE, November 10th 2025
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Musicians:
Ola Onabulé: Vocals
George Hazelrigg: Piano
Geoff Hazelrigg: Bass
Thomas Käfel: Drums
Track Listing:
1. Patience Endures – 5:28
2. Alive Tonight – 5:33
3. The Girl That She Was – 4:57
4. The Voodoo – 4:53
5. Condition Of The Heart – 6:29
6. Dark Matter – 4:08
7. It’s The Peace That Deafens – 5:52 8. It’s Never Over – 6:13
All compositions by Ola Onabulé except “Condition Of The Heart” composed by Prince.
