Blues |
Découverts au Festival de blues de Le Buis en août de cette année 2009, le trio Off Six prouve par cet album qu’il sera un des groupes de blues français avec lesquels il faudra compter.
Le trio est composé de musiciens qui ont non seulement du talent à revendre mais ce feeling, ce groove qui fait la différence entre des besogneux des douze mesures et les autres, ceux qui non seulement les sentent, ces mesures, mais les vivent.
Vincent Cousin, au chant et à la guitare, vous décalque du Robben Ford comme du Walter Jacobs ou du Paul Butterfield, sans faire étalage de sa technique mais tout en démontrant qu’il se situerait largement dans un Top 10 des guitaristes de blues, si ce Top 10 existait.
Côté rythmique, c’est carré, millimétré, sans rature ou superflu. En métronome à lunettes, Ludovic Nagy est un batteur qui assure, sans forcer et sans excédents, mais nickel, appuyé dans sa besogne par un bassiste qui vous aligne comme si de rien n’était du Jack Bruce, comme sur ce ‘Politician’ qui clôture l’album. Mélange d’ombre chinoise dont on ne distingue pas les traits et de discrétion stylée, Joël Arnaud est de ces bassistes de qui on espère, on attend une grosse grimace, une envolée tant son jeu est d’enfer, mais rien ne vient et le bougre repart comme il est venu, en rasant presque le fond de la scène. Comme du studio. Ceci dit, j’en connais qui en font des tonnes, de grimaces et de gestuelles, et qui sont loin du style de Joël, alors…
Mais bon, faudra y penser, Joêl. Ne serait-ce qu’au moins une fois, une.
Côté répertoire proposé, le seul écueil qui plombe un peu la note, 3CD au lieu des 4CD qu’aurait mérité cet opus s’il y avait eu des compos, c’est que justement les Off Six ne vous proposent que des reprises. Très bien interprétées, certes, mais sans une seule compo, et ça, les mecs, je vous en veux, car avec le talent que vous avez, ne pas avoir proposé au moins une seule et unique compo, c’est vous tirer une balle dans le pied.
Certes, certes, me dira-t-on, l’album est excellent. Certes, il est, c’est vrai, excellent, avec des interprétations qui feraient rougir, et rugir, pas mal de combos made in France, comme ce superbe ‘He Don’t Play Nothin’ But The Blues’ (de Robben Ford, of course), mais bon, une ou deux compos auraient fait de ce très bel opus un excellent premier album.
Et puis si vous pouvez les voir sur scène, n’hésitez pas, car en ‘live’ ils sont aussi bons si ce n’est meilleurs qu’en studio, c’est dire. Et je n’ose pas imaginer ce que ce sera lorsque les mecs auront écrit et enregistré leurs propres compos. Allez, viva Off Six!
Frankie Bluesy Pfeiffer
Off Six