Odell Harris – Searching for Odell Harris

Broke & Hungry Records
Blues

Tout ce qui a trait à cet album m’a l’air de présenter bon nombre d’intérêts, et ce, même si ces derniers sont de différents ordres.
La maison de disques, tout d’abord, qui s’est fait une spécialité particulière en allant chercher des artistes dans leur milieu de vie habituel. L’authenticité de ces derniers et leur manière de jouer étant le plus possible dénué de sophistication. Ce sont, dans le sens noble du terme, les petites mains et les artisans du Blues qui intéressent Jeff Konkel, le boss de Broke & Hungry. Tous les marginaux et autres borderline, ceux qui ne signeront jamais quoi que ce soit avec les labels de renom qui ignorent sans aucun doute jusqu’à l’existence de ces ‘clochards célestes’. Nous avons croisé Terry ‘Big’ Williams et Wesley ‘Junebug’ Jefferson, et c’est maintenant Odell Harris dont nous faisons la connaissance.
Le fond du boitier représente un vieil électrophone et le CD est recouvert d’une copie d’un disque vinyle. Voilà qui classe les gens de cette maison de disques parmi les nostalgiques des bons vieux disques d’antan. Le genre d’attention qui fait plaisir aux collectionneurs et amateurs de LP ayant été obligés de passer aux CD à contre cœur.
Odell Harris a l’air d’être aussi un drôle de numéro puisqu’il n’est pas reparu à la surface de la terre depuis qu’il a gravé les sillons de son premier album, le 1er juillet 2006. Certains disent l’avoir vu sur la scène d’un festival de Delta Blues tandis que d’autres disent qu’il se terre quelque part, Jeff et lui ne se parlant plus que par téléphone.
Le lascar n’a visiblement pas envie de réapparaître en public. Sur le disque, il reprend quelques traditionnels et un morceau de Little Junior Parker, un de Bo Diddley, un de Luther ‘Guitar Junior’ Johnson, un de Jimmy Reed et un de David ‘Junior’ Kimbrough.
Le dépouillement musical et orchestral caractérisant le personnage, son disque mérite le détour et une écoute attentive. Et l’avis de recherche reproduit sur la pochette du CD est des plus réelles, puisque le bonhomme a vraiment disparu du cercle de personnes l’ayant côtoyé.

Le dernier point qu’il me semble intéressant de vous signaler est le fait que l’opus a été mixé par Bill Abel et Lightnin’ Malcolm. Ce même L. Malcolm dont nous venons de louer, au plus haut point, le CD qu’il a enregistré avec Cameron Kimbrough, le petit fils du musicien dont O. Harris reprend un morceau, ‘All Night Long’. Rien n’est, décidément, le fruit du hasard sur la planète bleue.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
Odell Harris