Ocean – Story, Live & More/The Definitive Collection

Autoprod.
Rock
Pas de doute, l’année 2010 s’annonce comme une grande, très grande année pour tous les amateurs de vraie zik. Pas de celle qu’on vous crache à longueur d’antennes sur des ondes FM pour ados fans de MP3 à la qualité désastreuse, non, de la vraie et bonne zik. Après le coffret collector du mythique LP ‘live’ des Stones ‘Get Yer Ya Ya’s Out’, après les pépites que sont le premier CD de Electric Duo, le dernier opus de Eric McFadden, ‘Train to Salvation’, ou encore ‘American Standard ‘, le dernier Dayna Kurtz, on tombe cette fois sur un autre coffret qui nous propose en édition limitée les 4 albums du groupe français de rock Ocean, enrichis de bonus et autres pépites en ‘live’. Un coffret qui a sincèrement de la gueule et qui vaut bien plus que ce que l’on vous propose de soit disant rock made in the hexagone.
 
Ceux qui ont vu Iron Maiden en concert au début des années 80 connaissent, car Ocean a assuré les premières parties de la tournée de 1981. Pour ceux qui n’avaient pas été embarqués par la Iron Maiden-mania, je vous glisserai ici et là quelques clefs, histoire de ne pas vous laisser sur le bord de la route et que vous compreniez ce que vous avez raté. Mais heureusement pour vous, le coffret ‘The Definitive Collection’ est là, et bien là, pour vous faire rattraper le temps perdu. Car vous en avez perdu du temps depuis…’God’s Clown’, premier LP de ce quatuor au rock perforant. Un opus qui date d’octobre 1977.
 
‘God’s Clown’, c’est une fresque plus qu’un album de 8 titres. Une fresque en 8 tableaux dans laquelle le son de Ocean est immédiatement identifiable: un son que les quatre alchimistes du combo ont forgé à grands renforts de riffs à la Led Zeppelin et d’envolées à la King Crimson dans lesquelles on retrouve la saveur d’un autre grand groupe, Genesis. Un mélange rock détonnant, en somme, sur lequel Robert Balmonte cale une voix aux sonorités diaboliquement ‘plantiennes’. Car l’organe du chanteur est de la race de celle de ces bêtes que furent Robert Plant et Ozzy Osbourne, avec cette manière de transpercer le ciel par les aigus les plus féroces. Côté zikos, vous avez droit à une rythmique aussi béton que celle du Led Zep des grandes années, c’est vous dire. Même si Bernard Leroy et Noël Alberola n’ont pas eu leur nom gravé au panthéon du rock, ils méritent de figurer dans le gratin des rythmiques les plus solides du rock des 70’s et 80’s. Quand au guitariste, un dénommé Georges Bodossian, complètement dans l’ombre d’un Jimmy Page, il mérite plus qu’une sortie de l’ombre tant le mec est bourré de talent. Sa manière de vous envoyer des riffs avant de se la jouer ‘penseur’ façon Robert Fripp va vous faire tomber sur le cul. Et quand, en plus, vous entendrez la manière dont il vous gratifie d’accords à la manière de Mike Rutherford, comme sur ‘Love is Blind’, par exemple, vous comprendrez combien vous êtes passé à côté d’un super-gratteux. Mais bon, le coffret est là pour réparer ce loupé, et c’est tant mieux.
 
Après moultes concerts et péripéties, Ocean enregistre en 1979 son second LP, ‘Ocean’, aux chansons interprétées en français cette fois. Derrière la console et aux manettes on trouve du lourd, avec Andy Scott (Uriah Heep, Pink Floyd, David Bowie) et Martin Gordon (Sparks et Radio Stars). Ce sont les huit titres originaux que vous propose le second CD de ce superbe coffret, enrichi par des versions remixées de 4 de ces titres: ‘Les yeux fermés’, ‘Happy Birthday’, ‘Je suis mort de rire’ et ‘Menteur’.
La voix de Robert Belmonte est assurée, magistrale, d’une souplesse équivalente à celle de Robert Plant, c’est vous dire. Georges Bodossian est égal à lui-même, toujours dans l’ombre d’un Jimmy Page dont l’aura écrabouille toute velléité de concurrence, et seuls quelques fous-furieux tels Ritchie Blackmore (Deep Purple) ou Mick Box (Uriah Heep) parviendront à se faire une place royale face aux projecteurs.
Côté rythmique, on est du niveau des monstres du rock, avec Noël Alberola à la basse et Jean-Pierre Guichard à la batterie. Un duo qui aurait pu remplacer Ian Pace / Roger Glover (les rouages de Deep Purple) au pied levé, et sans sourciller, c’est vous dire. Un duo qui verra d’ailleurs partir Jean-Pierre Guichard peu après la fin de l’enregistrement du LP, le garçon ayant été récupéré par un autre super groupe français, Ange.
 
Contactés pour remplacer le groupe qui devait assurer la première partie de la tournée ‘Highway to Hell Tour’ de AC/DC, Ocean demande à Alain Gouillard, batteur de Edition Spéciale, de les rejoindre et le groupe se lance dans une tournée infernale qu’il prolongera même par 60 dates. Barclay booke le studio ‘The Rolling Stones Mobile One’ et enregistre le quatuor pour un ‘live album’ qui sera mixé par l’un des grands noms français du son, Dominique Blanc-Fancart. Ce sera ‘A Live + B’ sur lequel figurent trois inédits. Un album que le coffret vous propose sur un troisième CD complété par 8 titres enregistrés en 1981, alors que Ocean assurait la première partie de la tournée de Iron Maiden. Un album qui ravira tous ceux qui eurent le bonheur de voir AC/DC et Iron Maiden en tournée au tout début des 80’s, et donc Ocean en première partie, et qui enthousiasmera tous ceux qui, trop jeunes, n’étaient pas encore dans les salles de concerts.
 
C’est l’époque où le groupe remplit l’Olympia, Bobino, Le Palace avant de mettre le cap sur Londres, début 81. C’est dans la capitale anglaise que le quatuor peaufine son quatrième album, avec du ‘lourd’ en leur compagnie: Tim Friese-Green (Queen, entre autres) à la production, Mike Shiply, Dennis Weinrich (Trust, Jeff Beck) à la console et au mixage. Cela vous donne le quatrième CD de ce coffret, qui sent la poudre. Le groupe a dépassé depuis belle lurette le stade de la maturité et de la consécration ; ici, avec ‘Ocean’, on est aux portes du Temple mondial du rock. Dès le premier titre, ‘Aristo’, on est dans la zone rouge du compte-tours. Vos enceintes rougiront non pas de timidité mais de plaisir. La guitare est incendiaire, assassine, aussi sensuelle et sexuelle que sous les doigts des plus farouches guerriers de la six cordes rock. Y’a même plus à donner de noms tant Georges Bodossian mérite d’être cité seul, pour lui-même. Robert Belmonte, lui, est au niveau des plus grandes voix du rock. Ecoutez-le sur ‘A force de gueuler’ et franchement, vous vous demanderez comment et pourquoi certains médias ont pu oser affirmer que le rock français, c’était un dénommé Johnny. Et si vous me dites que c’est faux, alors je vous balance ‘Louise’ et c’est vous qui reviendrez vers moi, un mot d’excuses de vos parents en main, piteux mais heureux, car Paris-Move vous aura fait découvrir un joyau inestimable du rock français.
Et si on vous gave encore avec le soit disant rockeur français qui s’est d’ailleurs récemment bien planté en s’essayant au blues, alors mettez simplement ce dernier album d’Ocean dans votre lecteur et envoyez le dernier titre du LP, ‘Dégage’, celui juste avant les trois titres bonus.
 
Je vous le disais, 2010 est décidément une année formidable, et que renaisse Ocean!
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy
Ocean